Kate Reed Petty
Ce premier roman, sorti à l’occasion de la rentrée littéraire (oui oui, elle dure longtemps cette rentrée !) a fait vraiment beaucoup de bruit. On en entendait parler partout. Des journaux aux émissions spécialisées, la promotion allait bon train. Et, avouons-le, ça valait le coup de céder !
Début de l’intrigue : un jeune garçon, Nick, entre en seconde. Il intègre avec son meilleur ami Richard l’équipe de Lacrosse de son lycée, et donc une bande de garçons forts en gueules, aimant faire la fête et abuser de tout. Un soir, deux d’entre eux se vantent d’avoir abusé sexuellement d’une jeune fille, élève d’un autre établissement scolaire, et inconsciente au moment des faits. Ils sont si fiers d’eux qu’ils ne se rendent pas compte qu’autour de la table se trouve Haley, une fille de la bande, une fille qui n’adhère pas, qui refuse de les féliciter, de rire de ce qu’ils disent avoir fait. Haley va tout faire pour détruire leur réputation et celle de l’équipe entière de Lacrosse, au nom de la cause féministe, croit-on.
« Pour moi, cette scène est la réponse à la question de la vie : quand tout vous paraît excessif, allez à la bibliothèque. La meilleure façon d'affronter l'horreur, c'est l'étude »
Quelques années plus tard, on retrouve les chemins de Nick, devenu alcoolique, ayant décidé de se soûler à mort dans une cabane perdue dans la forêt afin de mieux rebondir par la suite.
On retrouve aussi Alice, éternelle victime, sous l’emprise d’un homme qui la malmène, la maltraite, sous couvert de soin et d’amour. Alice qui croule sous le poid de la culpabilité : celle de ne pas s’être défendue, celle de ne pas s’en sortir, celle d’avoir toujours besoin qu’on s’occupe d’elle, même si cela veut dire lui faire du mal.
Construit sous des formes narratives très diverses, alternant les protagonistes, les narrateurs, les lieux et les époques, on pense un moment se perdre dans cette histoire, vraie ? On ne sait plus, mais cette incertitude est confortable, elle tient en haleine, on a envie de rester avec ces personnages qui souffrent, tous, de manière différente mais pour la même raison.
C’est un roman qui pose plusieurs questions : celle de la condition de la femme, celle de la culture du viol, celle du regard des autres, celle de la dépression, celle de la rédemption, celle de la reconstruction.
« Il s'exprimait avec précision, mais il parlait trop vite. J'entendais le désespoir qui poussait pour percer sous le vernis de sa confiance »
Une multitude de questions, oui, mais pas de bla bla bla. Tout finit par faire sens, même ce qui paraissait le plus improbable, le plus insensé. Dans une écriture fluide, directe, facile, franche, l’auteur nous emmène avec elle dans ces introspections, ces réflexions, ces évolutions.
Un livre qui laisse un bon goût, une bonne impression, une dose d’espoir et de motivation.
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