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Tuée sur la bonne voie

Erell Buhez

Comme j’aurais aimé aimer ce livre.

Comme j’aurais aimé y trouver un refuge, une solution, une consolation… J’aurais aimé être transportée par l’espoir et la joie. Mais non. Je n’ai été envahie que par la colère et la tristesse.

J’aurais aimé me retrouver dans ces mots et dans ces maux. Mais non. J’ai été perdue dans les phrases, les formulations, les tours et les détours.


Ce combat contre la dépression est courageux, certes. Le chemin parcouru est important, certes. Mais il y a des choses qui ne prennent pas. Je n’arrive pas à être empathique comme je sais pourtant l’être. Je n’arrive pas à avoir de la bienveillance et de la compréhension face à cet acte terrible qui débute le récit : la tentative de suicide. Je n’y arrive pas car je me suis rendue compte, à travers ces pages, à quel point je ne peux pas pardonner cet acte.


Dans ce récit-journal rédigé sur les 18 mois suivants cet auto-attentat, on suit la narratrice dans sa reconstruction et ses projets. Entre passé, imparfait et présent, on comprend à peu près ce qui l’a poussée à la dépression. Une accumulation de chagrins et de combats qui pèsent de plus en plus. On comprend aussi ce vers quoi elle se projette. On comprend qu’elle veut partir non plus vers la mort mais vers la Bretagne.

OK. Mais.

Se jeter sous un train et survivre a des conséquences. En l’occurrence sur la santé avec la reconstruction nécessaire de la main gauche et du psychique, entre autres. Et ce constat établi au fil des pages que la vie est dure autour du personnage. Les gens vivent, meurent, souffrent, se séparent, sont séparés… tous ces petits malheurs du quotidien – confiné qui plus est - pour mieux rappeler que elle, ça va, elle gère de mieux en mieux, ça ne passe pas.


J’aurais aimé aimer ce livre mais non. Et ce n’est pas grave.

J’aurais aimé me reconnaître dans ce cheminement vers le mieux, mais non. Et ce n’est pas grave.

Parce qu’avec le recul et un tantinet d’analyse, j’ai appris. Appris que dans la dépression, on ne réagit pas tous de la même façon, et on ne trouve pas la force dans les mêmes choses. Certains vont se nourrir de l’amour des autres et tout faire pour ne pas leur faire de mal et tirer de l’énergie de cet amour. D’autres vont avoir besoin d’un électrochoc pour reprendre goût à la vie. Et d’autres vont baisser les bras.


Chacun sa guerre, chacun sa vision, chacun sa thérapie, le tout c’est de s’en sortir…

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