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Un chien à ma table

Claudie Hunzinger

C’est un prix littéraire. C’est un devoir, une lecture imposée donc. Un titre qui pose question, qui fait sourire par son incongruité, mais qui ne m’attirait pas forcément. On est dans la saison des récompenses, du coup, ce roman est sorti vainqueur du chapeau du Femina. J’ai autrement aimé celui de l’an dernier (S’adapter, de Clara Dupont-Monod, magnifique !).


« La présence de ces livres neufs dégageait un tel éclat qu’il suffisait de les voir. C’était comme si je venais de les lire tout d’un coup, que je savais déjà tout, ce qui était faux.»

Un vieux couple, un couple de vieux. Plus de 60 ans de vie commune. L’âge, la peur du monde extérieur, le goût immodéré de la lecture alimentent leur amour l’un pour l’autre. Lui le lecteur insomniaque et fumeur de pipe, elle l’écri-vaine en quête d’inspiration quatre ans après la publication de son dernier roman.

Ils vivent une existence tranquille, recluse.

Jusqu’à l’arrivée dans leur vie et dans leur maison d’une petite chienne, un petit bâtard venu chercher soin, réconfort et amour auprès de ces âmes vieillissantes. Le couple saisit la chance que représente « Yes » : ce petit être plein d’énergie et d’affection va insuffler quelque chose à Sophie et Grieg. Un peu de nostalgie, une envie de se retrouver, de l’inspiration, une présence. Des inquiétudes aussi, car la chienne a subi de mauvais traitements et sa nouvelle maîtresse a peur que le bourreau ne veuille récupérer sa bête. Mais non.

En quête d’un sujet pour son nouveau récit, l’auteur va utiliser ce chien comme un ressort, vers la nature, vers le dehors, dans un rayon de 13 km sur les prairies et les forêts alentour des Bois-Bannis, leur propriété.

Et c’est ainsi que l’on revient, avec Sophie, sur son passé à elle, son histoire à lui, leur parcours, leur amour, leurs choix, leurs craintes, les épreuves qu’ils ont traversées. Et que l’on prend conscience de la vieillesse sur les corps et sur les cœurs, du poids des années sur les âmes et les idées.


« La joie, c'est quoi ? Un éclair. Il vous tombe dessus. On n'y est pour rien. C'est totalement immérité. Il ne choisit pas son moment, sinon les pires.»

Bien que sensible au vieillissement et aux limites que celui-ci impose aux personnes concernées, je n’ai pas vibré. De très belles phrases essaiment cette histoire d’amour, mais de nombreuses sorties de route également, des paragraphes lourds, difficilement compréhensibles. Une pensée qui part dans tous les sens et dont la direction est floue. Je me suis perdue à de nombreuses reprises et j’ai pesté, vraiment, car je n’y arrivais pas. Je n’ai pas aimé, je ne me suis pas attachée, si ce n’est à cette petite chienne. J’ai levé les yeux au ciel devant les prises de position, la fin du monde approchante, l’hypothétique apocalypse, le constat négatif de l’évolution de la société. Sur les manies, la paresse, l’ennui, les obsessions.

Et puis. Et puis finalement je comprends. Je comprends que ce roman est celui de l’âge avançant, de la vieillesse qui prend toute la place, même celle de la cohérence. Je comprends que ce qui est décrit là, c’est le déclin. Et c’est avec une écriture déclinante, décousue que le message passe le mieux.

Alors effectivement, ce n’est pas un roman que j’ai aimé. Mais c’est définitivement un roman et une auteure que j’ai compris.


« Ne cherche pas à améliorer le monde. Il sera toujours le monde, une sale histoire. »

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