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"Un enfant qui lit...

sera un adulte qui pense"... C’est sur cette citation de Flore Vasseur que je voulais commencer cette réflexion sur le lien entre nos chères têtes blondes et nos amis précieux les livres.


Lorsque j’étais enfant, j’avais un trajet assez long à faire pour me rendre à l’école (quasiment le même trajet de mes 6 à mes 20 ans). Et il n’y avait pas de téléphone portable. Alors pour s’occuper, quand il n’y avait pas de leçon à réviser, rien d’autre que la lecture.

Une fois, en primaire, j’avais loupé mon arrêt de RER car j’étais plongée dans les aventures d’Astérix (ou peut-être Tintin, je ne sais plus). Toujours est-il qu’à la station d’après, il y avait des correspondances, plusieurs directions, plusieurs possibilités de se tromper, de se perdre, dans Paris. Je me suis naturellement mise à pleurer, parce qu’à 10 ou 11 ans, c’est souvent le premier réflexe quand on a peur, vraiment peur. Une dame m’a aidée. Elle m’a raccompagnée à l’école, à Vincennes.

J’ai continué à lire dans le RER. J’ai continué à loupé des stations et à me tromper de direction.

On aurait pu me reprocher de ne pas avoir retenu la leçon, mais en fait si. Je sais, depuis ce jour, qu’on ne se perd pas dans les transports si on sait lire ! Cette dame, que j’aimerais bien pouvoir remercier presque 30 ans plus tard, m’avais bien expliqué comment me repérer dans les couloirs du métro en lisant, tout simplement.

Vu comme ça, la lecture de cette aventure a été une leçon de vie !


"Un adulte va lire un livre pour se distraire, un enfant va lire un livre pour se construire". Joann Sfar

Aujourd’hui, je suis atterrée par le peu d’engouement que provoque la lecture. Ou plutôt, par le manque de popularité de cette activité dans les cours de récréations. C’est tôt que cela commence, dès l’entrée au collège ai-je l’impression.

J’ai à la maison un échantillon de la jeunesse : de la petite, encore en primaire au grand en fin de cursus universitaire. La plus jeune a été contaminée par le virus de la lecture, comme sa maman. Mais les trois autres, les trois « grands » se sont détournés de ce monde merveilleux. J’avais nourri quelques espoirs pour le troisième, qui disait aimer lire. Jusqu’à sa rentrée en sixième. Jusqu’à ce que lecture soit synonyme de devoirs, de contrainte.

Il y a aussi cette tendance à dévaloriser certaines formes de lectures. Je le proclame haut et fort, les BD et mangas sont aussi de la lecture, ont de la valeur, font travailler l’imagination autant qu’un livre sans image. Et sont une excellente porte d’entrée vers la littérature. En aidant l’enfant à construire son imaginaire, justement : comme les mains des parents accompagnent les premiers pas, les BD, Manga ou albums de jeunesse accompagnent la construction des représentations.



Quand un enfant commence le CP, à coup de « tu vas être grand, tu vas apprendre à lire », on fait déjà un lien entre cet apprentissage et la fin de l’enfance. Si on y réfléchit bien, ce n’est pas très bien pensé. Parce que la lecture maintient dans le rêve, l’imagination, le voyage et aussi les apprentissages. Daniel Pennac le dit, par ailleurs, dans Comme un roman : l’entrée au CP et l’apprentissage de la lecture font grandir un enfant en cela que le parent se dit : « maintenant qu’il sait lire, ce n’est plus la peine de lui raconter son histoire le soir, il peut le faire lui-même ».

Mais quel bonheur de partager un moment de lecture avec son enfant ! Quelle joie de se retrouver dans des aventures, de se poser des questions, d’imaginer la suite. Des fois, l’adulte un peu fatigué par sa journée, l’enfant sachant lire peut prendre le relais, et c’est le même voyage.


"Quand un être cher nous donne un livre à lire, c'est lui que nous cherchons d'abord dans les lignes, ses gouts, les raisons qui l'ont poussé à nous flanquer ce bouquin entre les mains, les signes d'une fraternité". Daniel Pennac

Au début du premier confinement, en avril dernier, ma fille, alors âgée de 9 ans, avait des difficultés à s’endormir. Un peu normal, vu les changements de rythme, les chamboulements de l’équilibre de vie. De mon côté, ce confinement n’a en rien changé mes habitudes de lectrices, il les a simplement augmentées. Mais mon enfant, elle, n’avait pas le réflexe « roman ». Alors, riche de la lecture de Pennac, je lui ai proposé d’y entrer ensemble, dans le roman.

C’est ainsi que nous avons lu, ensemble. Le Petit Prince, La petite Fadette, et puis des livres de grands, alliant poésie et aventures merveilleuses : La mécanique du Cœur, Une sirène à Paris, Métamorphose en bord de Ciel … ma petite grande est devenue, comme sa maman, une fan incontestée de Mathias Malzieu.


Il n’en fallait pas beaucoup plus. Trouver la porte d’entrée, ce qui la fait rêver en voyager. La petite demoiselle aime la magie et la magie le lui rend bien. Un petit coup de pouce de la part d’une autre enfant (rien de mieux que la validation par ses pairs) et c’était parti. Il lui a fallu investir dans une liseuse (elle a insisté pour se l'offrir elle-même), pour pallier le manque de place dans la bibliothèque et permettre d’emmener ses livres avec elle quand elle part en vacances. Et même cela participe à son engouement : elle rêve, voyage, apprend, comme une grande…


Le fait est que ce qui est faisable avec une enfant est faisable avec tous, à condition de savoir s’y prendre. Par l’accessibilité aux livres d’abord, dès le plus jeune âge. Il y a tout un tas de beaux ouvrages ou de petits livres spécialement conçus pour les plus jeunes, les tout petits (ma fille avait une collection de livres en plastique, qu’elle pouvait mettre à la bouche, sans danger, et qu’elle feuilletait quand elle voulait, même dans le bain). Et elle a toujours été entourée de livres, à portée de main, à portée de vue, à portée de coeur...



La lecture à voix haute, ensuite. Maîtrisée, cette pratique est un excellent moyen de donner à celui qui écoute un aperçu de la magie des livres. Il y a des professionnels, bien sûr, en bibliothèque par exemple, mais aussi des livres lus qui peuvent être écoutés en même temps que l’ouvrage est feuilleté. Est-il besoin de présenter la collection de Marlène Jobert ? où la série Mon histoire Disney à Racontée, développée par Hachette ? Mais de mon point de vue, rien ne vaut la lecture d’un proche, parent, grand-parent, frère, tante… qui que ce soit qui crée un lien avec l’enfant autour de l’histoire et lui donne l’amour de la lecture grâce à l’amour de l’autre.


"Quand vous faites la lecture à un enfant (...) vous lui offrez l'infinie variété de la vie, vous êtes un éveilleur". Paula Fox

Pour les plus grands, qui ne sont pas nos enfants mais nos élèves ou les autres auditeurs, l’affection pour le lecteur a moins de poids, c’est donc par un choix judicieux du roman que cela passera. Et par une lecture vivante, vibrante, passionnée. J’avais testé un extrait de Petit Pays de Gaël Faye avec des jeunes pour qui « lecteur » était une insulte. Et bien ça a donné des envies de lecture à quelques-uns !


Désacralisons la lecture. Dés-élitons cette activité. Tous les moyens sont bons pour accueillir les non-lecteurs et les transformer en lecteurs. Le livre ne doit pas être réservé aux érudits. Tout simplement parce que bien souvent c’est grâce à la lecture qu’on le devient, érudit !

 

Sources et remerciements :

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