Grégoire Delacourt
Quel joli titre que cet extrait de poème d’Aragon ! quelle promesse de beaux jours à venir, n’est-ce pas ? c’est ce titre si poétique et énigmatique qui m’a attirée vers Delacourt, et je n’ai même pas pris la peine de lire la quatrième de couverture, pour entrer dans ce roman toute blanche, sans aucune idée de ce qui m’attendait.
Ce qui m’y attendait, c’était une famille à la dérive.
Pierre, le père, enragé, homme perdu (et perdant) qui est emporté par sa colère et qui la met au service de ce qu’il pense être juste, les « gilets jaunes ».
Louise, la mère, empathique et douce, désabusée et déçue par cet homme qu’elle a tant aimé et qui n’est plus le même. Louise qui est infirmière et qui accompagne ses malades en soins palliatifs pour qu’ils accueillent la mort avec sérénité.
Et puis il y a Geoffroy. Leur fils de 13 ans. Autiste. Qui apprend, petit à petit à sortir du concret mathématique pour entrer dans l’abstrait poétique auprès de Djamila, son amie, son amoureuse, de deux ans son aînée.
D’autres personnages tout aussi touchants gravitent autour de cette cellule familiale en perdition, de ce couple qui a été anéanti par la pathologie de l’enfant. Pierre ne le comprend pas et il en souffre. Louise le surprotège et elle en souffre. Geoffroy ne souffre pas, pas vraiment, ou alors il ne s’en rend pas compte.
C’est un roman juste, qui dérange, parce qu’il parle d’une famille et d’un pays qui vont mal. Il parle de ce mouvement jaune et de sa colère. Il parle en couleurs et ça nous parle à nous : souffrance, exclusion, extrémismes… mais aussi curiosité, rencontres, fraternité, amour.
C’est simple et c’est beau
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