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Une étincelle de vie

Jodi Picoult

Le hasard des lectures est tel qu'il peut nous plonger dans la douleur de la prématurité et tout de suite après dans celui de l'avortement.


On ne couve pas quelqu’un pour le protéger : parfois c’est pour se protéger soi-même

Jodi Picoult a décidé, dans ce roman, de nous sensibiliser à la réalité de la législation et de la foi aux USA, sur un sujet très précis, celui de l'avortement.

Dans le dernier centre de planning familial du Mississippi pratiquant les IVG, une prise d'otage est en cours. Il est 17 h. Le nombre exact de victimes n'est pas encore connu mais on sait qu'il y a au moins une morte et deux blessés graves, dont l'une est entre la vie et la mort et l'autre est le gynécologue, qui a reçu une balle dans la jambe. Le preneur d'otages est un père célibataire dont la fille a vécu un drame. Le négociateur est un père célibataire dont la fille a voulu éviter un drame. Les deux hommes doivent s'entendre, se comprendre, communiquer, pour éviter que tout ne tourne à la catastrophe.

A rebours, l'auteure nous apprend ce qui a poussé les différents protagonistes en ce lieu, ce jour, ce moment où tout à basculé. L'infirmière, le médecin, les patientes (qui ne sont pas toutes là pour une interruption de grossesse), l'anti-avortement infiltrée, le criminel. Elle interroge par ailleurs la relation familiale qui pousse parfois nos enfants à prendre des risques inconsidérés pour ne pas heurter notre sensibilité, nos convictions, nos croyances.

D'heure en heure, on comprend, on ressent, on relie les fils entre eux, on réfléchit.


S’il ne fallait mettre au monde que des enfants à l’abri des épreuves de la vie, alors personne ne verrait le jour.

Comme à chaque fois, Picoult surprend et nous livre un sujet de réflexion et de société fort. Après le "racisme ordinaire" de Mille petits riens, elle nous emmène sur le thème non moins épineux du droit à l'avortement dans un pays que l'on dit civilisé mais qui a un train de retard. La réalité qui s'ouvre à nous fait froid dans le dos, et pas seulement parce que c'est une prise d'otages violente. Non, ce qui est violent, c'est la prise de position, les convictions, les combats et les décisions qui mènent au pire parfois, au meilleur aussi de temps en temps.

Il ne s'agit pas ici de convaincre mais d'ouvrir les yeux. Comme à chaque fois, l'auteure nous prend aux tripes mais elle n'y va pas au petit bonheur la chance. Son discours est pesé, ses arguments vérifiés, son texte illustré et documenté.

De la place de la religion dans la société américaine à la prise de décision difficile pour chaque femme confrontée à ce choix cornélien, Picoult décortique chaque pensée, chaque prise de position, chaque passif aussi pour nous livrer un roman fort, parfois difficile à lire (et pas seulement parce qu'il est à l'envers) et plein de bon sens.

Un livre à lire pour ouvrir les yeux mais aussi pour apprécier ce que la France nous permet à nous les femmes : le droit de choisir et de disposer de notre corps.


... ce n'est pas en couchant avec quelqu'un qu'on devient une femme. C'est en prenant certaines décisions parce qu'il le faut. Des décisions terribles, parfois. Les enfants, on leur dit ce qu'ils doivent faire. Les adultes, eux, doivent se décider seuls, même tiraillés entre plusieurs options.
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