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Une mère, etc

Isabelle Spaak & Florence Billet

Pile à la moitié du pavé qu’est l’aventure Antkind de Charlie Kaufman, petite escale en Colombie, un aller-retour dans la journée!


« Abandonner ne me ressemble pas. Parmi les qualités dont je suis fière : m’accrocher à ce que j’ai commencé. »

Emmanuelle Véronique Hermeline Laurens a été élevée avec son frère et sa sœur dans une famille bourgeoise. Elle vouvoie ses parents, va à la messe tous les dimanches et passe ses vacances dans le domaine familial de sa grand-mère. Elle est la fille de ses parents.

Adoptée à l’âge de 18 mois, elle n’a jamais connu que cette vie-là. C’est lorsqu’elle perd ses papiers d’identité, peu de temps avant un voyage prévu de longue date en Colombie, qu’elle apprend d’où elle vient, vraiment. Elle est de là-bas. Commence alors pour elle un périple, une quête, qui durera trois ans à la recherche de sa mère biologique, à Bogota et dans tout le pays sud-américain. De faux espoirs et belles rencontres, de déconfitures en dénouements heureux, elle s’investit corps et compte dans la recherche de ses origines, de sa mère. Aller-retours incessants entre ses deux pays, elle met toute son énergie, toute sa vie au service de la mission qu’elle s’est elle-même confiée. Confrontée à la violence de ce pays qui a vendu ses enfants dans les années 80 et n’est pas encore sorti de l’oppression des FARC, elle réalise que sa quête d’identité ne doit pas être le prétexte d’un éloignement avec ses parents, ceux qui l’ont élevée, aimée, inconditionnellement, courageusement.


« Chez nous, les murs parlent, les traditions se perpétuent, la mémoire se transmet.»

Ce voyage en Amérique du Sud sur les traces d’une mère m’a fait du bien. Ça donne des perspectives, de l’espoir, du voyage et de l’humilité. Ça permet aussi de relativiser les rapports aux parents. C’est le message que j’ai compris du moins. Il y a ceux qui nous ont mis au monde et ceux qui nous ont élevés. Pour les plus chanceux d’entre nous, ce sont les mêmes. Pour d’autres, non. L’auteure traduit le défi de loyauté de son personnage, déchirée entre ce qu’elle est viscéralement, instinctivement, naturellement et ce qu’elle est de par son éducation, le milieu social et familial dans lequel elle a eu la chance d’évoluer. Parce que oui, c’est une chance pour elle d’avoir été adoptée par ce couple. Même si cela est synonyme d’un drame en amont. Abandon, mort des parents. L’adoption est toujours liée à un drame. Et c’est une dualité qui transpire dans ce récit.

Comme toujours avec les éditions de l’Iconoclaste, j’ai fait une belle rencontre, un beau voyage. J’ai réfléchi. J’ai savouré ma chance. J’ai relativisé. En un mot, j’ai grandi.


« J’envie plus que tout la stabilité de Maman, sa clémence, sa façon d’être là pour moi, toujours. Même quand je m’enfuis ou la maudis.»



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