top of page

Mr Vertigo

Paul Auster

« Quand un homme n'a qu'une seule chance, il la saisit, même si c'est le plus hasardeux des paris. »

Le 30 avril 2024, Paul Auster, grand parmi les grands de la littérature américaine, nous a quittés des suites d’une douloureuse maladie.

Quel meilleur moyen de lui rendre hommage que de le lire ? Quel meilleur moyen de le garder près de soi ? 


« Peut-être le désespoir était-il la seule chose qui comptait vraiment. »

En 1924, dans les rues de St Louis, Missouri, le petit Walter n’a que 9 ans lorsqu’il rencontre Maître Yehudi. Ce dernier lui assure qu’avant ses 13 ans, il lui aura appris à voler, il en met littéralement sa tête à couper, il tient le pari. Alors le gamin, orphelin élevé à la dure par son oncle et sa tante suit ce drôle d’homme et se retrouve dans une propriété isolée du Kansas, entourée d’une vieille indienne et d’un adolescent noir, érudit et estropié. Commence alors l’apprentissage, à la dure. Des brimades, des épreuves, des étapes toujours plus difficiles, pour Walter. Mais loin de le faire haïr son maître, ces difficultés vont lui faire réaliser à quel point l’homme tient à lui, plus qu’à sa vie. 

L’immigré juif hongrois de Brooklyn va tout miser sur ce gamin des rues, jusqu’à l’atteinte de leur objectif commun. S’en suivront de grandes aventures, des tournées, des spectacles, des difficultés aussi, parce que la vie sur les routes des Etats-Unis n’est pas toujours facile. Mais toujours l’homme et l’enfant pourront compter l’un sur l’autre. Toujours le maître placera Walt au cœur de toutes ses préoccupations et préservera du mieux qu’il peut cet enfant en qui il aura placé tous ses espoirs, toutes ses ambitions et tout son amour, aussi. Parce que rien ni personne ne pourra se mettre entre eux deux, après qu’ils aient réussi à s’apprivoiser l’un l’autre… 


« Si on ne voit pas de raison de continuer à vivre, on n’a guère à se soucier de ce qui risque d’arriver. »

Je n’avais de Paul Auster que l’expérience de son phénoménal 4-3-2-1, lu il y a déjà quelques années. Je savais que j’allais m’y frotter à nouveau un de ces jours, mais avec l’appréhension d’être déçue tant j’avais aimé le roman de 2020. 

Mais l’annonce du décès de l’auteur m’a décidée. J’en avais deux non lus dans ma billyothèque, et c’est ce conte du XXème siècle qui m’a happée, sans que je puisse lui résister. Sans rire, cela faisait longtemps que je n’avais pas autant lutté contre le sommeil pour continuer à lire, mettre tout le reste de côté pour savoir comment Walt, Maître Yehudi et les autres allaient avancer dans leurs aventures. 

Malgré quelques difficultés liées à la passion d’Auster pour le baseball auquel je ne comprends absolument rien (et qui ne m’intéresse pas, avouons-le), je me suis vraiment plue dans ce roman qui retrace non seulement l’histoire d’un enfant des Etats-Unis mais également le parcours d’un pays, sur près 75 ans. La ségrégation, la prohibition, le crack boursier, les gangsters, les magouilles, le pétrole, la guerre, la reconstruction, le capitalisme mais aussi la rencontre, l’apprivoisement, la découverte, l’amour, l’amitié, l’attachement, les idées reçues et les espoirs… Tout y est traité à travers la vie de ce petit garçon devenu grand, de ce vaurien des rues devenu un vieil homme. Entre temps, il aura été prodige, victime, bourreau, escroc, militaire, usinier, mari, amant, ami… 

Une vie entière, de joies et de peines, mêlées d’un peu de magie et de beaucoup d’utopies. Un roman fantastique pas parce qu’il est magique, mais parce qu’il est beau et candide, qu’il raconte la vie comme elle est : belle et tourmentée. Un beau cadeau que nous a fait M. Auster avec son Mr Vertigo, en espérant qu’il aura réussi à s’élever et à suivre le jeune Walt… 


« Petit à petit, on finit par peser moins que rien. On ferme les yeux ; on écarte les bras ; on se laisse évaporer. Et alors, petit à petit, on s’élève. Comme ça.»

5 vues0 commentaire

Posts similaires

Voir tout
bottom of page