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Vivonne

Jérôme Leroy

Seuls les idiots pensent que la réalité apprend plus de choses que les romans. Les romans sont les Guide du Routard de l’Existence. En mieux écrits et avec des personnages qui nous ressemblent, même s’ils ne nous plaisent pas, surtout s’ils ne nous plaisent pas.


Vivonne est un mot que je connais car c’est le nom d’une petite ville en Poitou-Charentes, une ville qui accueille un centre pénitentiaire. Et c’est sans doute cela qui m’a poussée à lire ce livre, sans même consulter la 4ème de couverture.

Mais ici, il ne s’agit pas du tout d’une prison. Ici, Vivonne est un homme, un poète, un prophète. Dans cette dystopie tarabiscotée, Alexandre, éditeur au mauvais fond décide, après qu’un typhon a dévasté Paris, de faire amende honorable et de consacrer une biographie à celui qui a été un ami haï, le poète Adrien Vivonne.


Alternant entre passé réel et futur imaginaire (et catastrophique), on suit les avancées et les confessions en fonction des rencontres et des souvenirs d’Alexandre. Au moment du cyclone, ce dernier est dans ses bureaux, rue de l’Odéon. Arrogant mais néanmoins dépressif, il explique comment la situation mondiale a complètement dégénéré, comment l’Europe en général et la France en particulier ont sombré dans une société digne d’Orwell dans 1984. Le parti des « Dingues » est au pouvoir, les régions ont fait sécession et la guerre civile fait rage, le tout dans la crainte de la fin du monde : le grand bug, le hack du siècle et de la terre entière.


Et Alexandre se remémore Adrien. Adrien qui est né dans la joie, Adrien qui a aimé et a été aimé, Adrien à qui tout souriait, qui souriait à tout et à tout le monde, qui avait un don pour la poésie, pour les rapports humains et qui se contentait de peu. Adrien naïf, peut-être, mais bienheureux, malgré les aléas plus ou moins tragiques de sa vie.


Autant les souvenirs du narrateur sont passionnants de par la franchise avec laquelle il admet avoir succombé à la jalousie, la colère, l’envie, autant tout ce qui est dénoncé par le biais d’un avenir cruel, sombre et dictatorial est beaucoup moins plaisant. J’ai alterné, tout au long de ces 400 pages, entre les moments de lecture passionnée et l’ennui profond. Quelques belles phrases, quelques considérations catastrophées, un nain qui fait curieusement penser à celui de Khadra…

J’ai plusieurs fois hésité à abandonner la lecture de ce roman décevant mais non, je voulais savoir ce qu’il allait advenir de la quête d’Alexandre, je voulais savoir s’il allait obtenir le pardon, la rédemption. Je voulais savoir jusqu’où irait Leroy dans sa dénonciation de l’ordre écologie, politique, économique et technologique… maintenant je sais.

Libre à vous de vous faire votre propre idée.


« On ne va pas s’arrêter de lire parce que c’est la fin du monde, si ? »

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