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De purs hommes

Mohamed Mbougar Sarr

Quand on est amoureux, au début, on ne voit que les qualités de l’être aimé. On teste la force de notre amour dans notre capacité à accepter ses défauts. Je suis amoureuse du Sénégal, mon affection est mise à dure épreuve avec ce récit de Mbougar Sarr.


« Qu’est-ce qu’une rumeur ? L’illusion d’un secret collectif. Elle est une toilette publique que tout le monde utilise, mais dont chacun croit être le seul à connaître l’emplacement. »

Le protagoniste est un jeune professeur de littérature à l’université de Dakar. Jouisseur de la vie, il est un soir confronté à une vidéo : un homme, soupçonné d’être homosexuel, est déterré et jeté hors du cimetière. Il n’a pas le droit d’être inhumé comme tous les autres, car ce qu’il est va à l’encontre de l’islam, de la culture sénégalaise.

Sans vraiment savoir pourquoi, notre personnage principal est profondément dérangé par ce qu’il a vu et ce que cela dit de son pays, des traditions et des croyances dans lesquelles il a été élevé. Des questions le bousculent, des remises en questions, des envies de confrontations. Qui blâmer ? Quoi condamner ? comment comprendre ?


« …une mère qui voit son enfant quitter le monde le veille au moins aussi longtemps qu’elle l’a porté avant de l’y mettre. »

Mbougar Sarr nous dévoile un pan du Sénégal que l’on connaît mal : son homophobie. Ancrée au plus profond de la société, ce mal qui ronge de moins en moins souvent les pays occidentaux est encore et toujours virulent en Afrique en général, au Sénégal en particulier. Avec des mots crus, des expériences sans filtres, un regard critique et acerbe, le jeune lauréat du Goncourt 2021 n’y va pas par quatre chemins : il est choqué, meurtri par cette haine et cette incompréhension qui domine dans son pays, chez les êtres qu’il aime le plus au monde, dans la société dans laquelle il a grandi et évolué.


« Ici, lorsqu’on n’est pas hétérosexuel, on est goor-jigeen. Il n’y a pas de place pour le reste, pour tous les autres types de sexualité que beaucoup d’hommes et de femmes vivent pourtant. »

“De purs hommes” n’est pas vraiment un plaidoyer mais plutôt une invitation à ouvrir les yeux sur la nature même de l’humanité et de certaines sociétés. C’est aussi, comme je le disais plus haut, un voile levé sur une vérité : peut-on aimer passionnément et inconditionnellement, malgré les défauts et les différences d’opinions? Je décide que oui. Parce que l’amour véritable, c’est aussi ça : accepter qu’on ne pense pas pareil, qu’on ne réagisse pas pareil, qu’on ne soit pas pareils.


« (Les homosexuels) sont de purs hommes parce qu' à n’importe quel moment la bêtise humaine peut les tuer, les soumettre à la violence en s’abritant sous un des nombreux masques dévoyés qu’elle utilise pour s’exprimer… »

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