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La paix paresseuse

Julien Donaville

« En philosophie, les mots ne comptent pas tant que le sens que l’on choisit de mettre derrière. » 

Avril 1935. À Stresa, au bord du lac Majeur, Italiens, Français et Britanniques se rencontrent pour définir ensemble une stratégie à adopter face à l’Allemagne d’Hitler qui a sciemment violé l’article V du traité de Versailles, l’empêchant de se réarmer. Conscients du danger que peut représenter la force militaire germanique et la colère du nouveau chancelier pour la paix en Europe, les trois gouvernements décident d’une ligne de conduite à adopter, mettant de côté leurs désaccords. La décision prise par les allemands de rétablir la conscription et leur désir d’envahir l’Autriche poussent les alliés de la Grande Guerre à revoir le traité de Locarno (de 1925) pour empêcher la modification du traité de Versailles. On connaît malheureusement la suite : le traité n’a finalement servi à rien et quatre ans après, la Seconde Guerre Mondiale éclatait, tout comme cette entente de circonstance. 

Pendant ces cinq jours de discussions, entre le Grand Hotel de Stresa et le Palais Borromée de l’Isola Bella, Pierre-Marie, jeune diplomate au Quai d’Orsay, vit lui des aventures qui n’ont rien de politique. Après avoir dansé un tango avec une jeune femme, il la repêche littéralement dans le lac majeur et débute alors avec cette belle juive allemande un jeu de chat et de souris qui le déroute autant qu’elle le séduit… 


« Mussolini est un jouisseur quand Hitler est un ascète. »

Les accords de Stresa, conclus en 1935 à la demande de Mussolini ne sont pas les plus connus de l’histoire, et pour cause, ils n’ont conclu à aucun véritable accord, si ce n’est l’opposition à toute répudiation de traités, mettant la paix en péril. Ils marquent pourtant un tournant décisif dans la prise de position de l’Italie et de la Grande-Bretagne autour de la France et contre l’Allemagne. Sentant le vent tourner, les trois puissances veulent préserver la paix, tout en conservant leurs avantages et en en négociant d’autres (Mussolini rêvant d’obtenir les territoires d’Ethiopie alors aux mains des britanniques). L’auteur nous plonge dans cette semaine de discussions, de débats, de désaccords, de compromis et surtout de faux-semblants. Une semaine pendant laquelle les points de vue vont se confronter, entre les chefs de gouvernements mais également entre les individus, les forçant à se poser des questions sur leurs valeurs : communisme, antisémitisme, fascisme… Même si tous sont d’accord pour condamner Hitler, les avis divergent.  

Les affaires politiques étant ce qu’elles étaient alors, on a parfois un peu de mal à suivre si on n’a pas un minimum de culture historique, je dois dire. Au demeurant, le ton est donné, le lieu est posé et la romance est présente, même dans les heures les plus tendues de l’Histoire. La rencontre de Pierre-Marie avec Marlène l’oblige à s’interroger sur son rôle d’époux, sa loyauté et son patriotisme.  

Un roman ardu, mais édifiant en ce qu’il nous éclaire sur ce qu’il s’est passé avant 1939, avant l’entrée en guerre, avant la défection de l’Italie et le ralliement des Russes et des Américains. Une leçon d’Histoire plus qu’un roman, en somme. Mais une leçon à apprendre pour tenter d’en tirer des conclusions pour l’avenir! 


« Si on ne prend pas le temps d’écrire des livres, bientôt on ne prendra plus celui de les lire,… »

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