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La part du démon

Mathieu Lecerf

Deuxième roman lu dans le cadre de la sélection Nouvelles Voix du Polar, organisé par les Editions Pocket, c'est le premier des deux ouvrages français auquel je m'attaque, un premier roman prometteur, écrit par un ancien de chez Canal +, une promesse en soi !

« Perdre tout espoir avait-il été la solution ? »

Juin 2018. Paris est sous le soleil, écrasant du début de l’été. Esperanza Doloria a 26 ans, un passif lourd et une ambition qui l’est tout autant. Elle prend ses fonctions à la brigade criminelle de Paris en commençant fort : le cadavre d’une jeune religieuse de 28 ans, amputé des deux mains et le visage fracassé, a été retrouvé dans le parc des Buttes Chaumont. Elle est chargée de l’enquête et confiée aux bons soins de Manuel De Almeida, un vieux de la vieille, un flic à la peau dure qui a la tâche de la former et de l’accompagner dans sa prise de poste.

L’enquête est rude. De morts en fausses pistes, elle entraîne les deux inspecteurs dans les méandres d’une institution catholique, un orphelinat en plein cœur de la capitale, qui a pour mission d’élever de jeunes garçons au rang d'hommes respectables, de toutes les manières possibles.

En parallèle, Cristian, frère cadet de Manuel, journaliste de renom pour avoir démantelé un réseau terroriste avant les attentats du Bataclan, mène l’enquête sur une série de meurtres : quatre chauffeurs de taxis ont été assassinés dans l’est parisien, tous suivant un mode opératoire différent. Pour relier les crimes entre eux, il va toujours plus loin dans ses manigances et ses actions, allant jusqu'à se mettre en danger ou carrément hors les clous de la loi. Mais au delà du scoop, ce que cherche Cris, c'est la vérité, le meurtrier.

Les deux flics et le journaliste se croisent, échangent, évoluent en même temps. Pour que finalement, comme on s'en doute, les deux investigations se rejoignent et que la machinerie qui sévit dans tout Paris soit découverte et démantelée. Par-dessus tout, il s'agit de rendre son honneur à la jeune religieuse qui n'avait rien à se reprocher, douce et tendre, investie et dévouée aux enfants dont elle s'occupe.


« Elle sentait creuse, comme une poupée russe dépourvue de petites sœurs. »

Encore un polar qui me laisse pantoise. Je ne sais pas vraiment comment l’analyser. L’écriture est directe, incisive, violente même parfois. Il y a du sang, du sexe, de la drogue, des traumatismes. Il y a des adultes cassés et des enfants malmenés. Des gens qui s’aiment et d’autres qui se mettent des bâtons dans les roues. Des souffrances, des réconforts.

La construction est intéressante : semblable à une série télé en trois épisodes : le premier étant celui d’Esperanza, le second celui de Cris et le dernier celui de Manny aka Manuel. En fonction du protagoniste principal, on vit parfois la même scène mais sous un angle différent, avec un autre regard et donc une autre sensibilité, ce qui ouvre d'autres perspectives, donne une autre lumière et permet de comprendre, parfois plus tard.

Même si l’issue se devine assez tôt avant la fin qui est habitué à la lecture de polars, l’intrigue nous tient en haleine jusqu’au bout et on s’interroge sinon sur le fond du moins sur la forme que prendront les différents retournements, parfois un peu fantaisistes. Les quelques gouttes de déjà-vu (notamment un lien très fort avec le film Split et Le passager de JC Grangé) ne gâchent en rien l'intrigue qui souligne aussi tout ce qui peut se passer dans des établissements catholiques où personne ne fourre son nez, et où le pire peut donc se produire.

Je suis du coup très curieuse de la suite : comme dit plus haut la narration est similaire à une (bonne) série et la toute fin également en appelant, forçant même, à lire le suivant…

Un bon (premier) roman policier d’été, qui remplit bien son rôle de détente et laisse présager que l’auteur ira loin, j’en suis sûre!


« Il était aussi fun qu’une crise d’hémorroïdes. »
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