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La revanche des orages

Sébastien Spitzer

La rentrée littéraire m'a donnée l'occasion de me plonger dans un nouveau roman de Sébastien Spitzer. Une nouvelle enquête dans les tréfonds de l’Histoire. Un nouveau témoignage de la souffrance et des conséquences énormes des actions des individus.

« Tout se rejoint sur notre grosse boule ronde de terre, mais rien ne ressemble à rien pour qui sait regarder. »

Claude Eatherly s’est engagé dans l’US Air Force. Non qu’il en ait eu vraiment envie mais son pays est en guerre, en Europe, dans le Pacifique. C’est ce qu’il doit faire. Doué des réflexes et de la vue d’un oiseau de proie, il est enrôlé dans la 509ème. La crème de la crème. Si précieux qu’on le réserve pour LA mission. Il n’a le droit de rien savoir, hormis que son rôle sera essentiel. Et effectivement. Le 6 août 1945, il est le pilote de l’avion guidant Enola Gay, le B29 qui larguera la première bombe atomique sur Hiroshima. Il n’a pas lâché la bombe, il n’a pas détruit la ville, mais il a fait en sorte que cela soit possible. Et la réalité de l’horreur de la déflagration va le prendre de cours. La folie le surprend quand il apprend le nombre de morts qu’il a provoqué. Une voix se fait entendre dans son esprit, celle d’Hanaé, rescapée de la catastrophe, qui lui en veut et lui fera payer ses actes, ses choix, malgré la distance.

Mais Claude n’est pas seul. Claude a une femme. Des enfants. Et Anna, montrée du doigt pour ses origines italiennes, jeune actrice dont la carrière a avorté par amour pour son major, souffre aussi. Elle doit gérer la famille Eatherly pendant que son homme est dans le Pacifique puis l’homme brisé qui revient. Qu’est-il advenu de ses rêves ? de leurs rêves ? de leurs espoirs, de leur avenir ?

« L’ambition, c’est de la sauvagerie. ça vous piétine l’égo, ça rapetisse l’âme jusqu’à ce qu’on vous accroche une breloque au poitrail. »

Spitzer a définitivement quelque chose de fort, très fort dans son écriture. Après l’avoir découvert dans Ces rêves qu’on piétinent, qui retrace la vie et les dernières heures de Magda Goebbels, il me tardait de prolonger la découverte de ses talents de conteur et d’historien.

En nous embarquant dans la folie de Claude, il nous relate les faits, revient sur le déroulé des évènements, depuis la prise de décision, les secrets autour du B29 Enola Gay et de “Little Boy” qui a tout ravagé dans un rayon de 5 km autour du point d’impact. Ce point d’impact qui a mis fin à la guerre et à plus de 100 000 vies. En théorie. Parce qu’après ça, les rescapés n’ont plus de vie. Ni ceux qui ont subi la déflagration, comme Hanaé, ni ceux qui ont largué la bombe comme Claude, ni les proches des militaires en question. Des centaines de milliers de vies ont volé en éclat pour un enjeu qui les dépassait : celui de l’égo. De l’ambition.


« Il faut être diabolique pour scénariser le mail.»

Sur les années ayant suivi la fin de la guerre en tant que telle, une autre s’est engagée, la guerre froide. McCarthy qui lance sa chasse aux sorcières, diffuse la peur et la haine des communistes. Le conflit est intérieur au pays, intérieur aux familles, intérieur même aux âmes.

Portrait glaçant d’une autre période qui ne brille pas dans l’Histoire des Etats-Unis. Une période de colère et de honte. De difficultés. Une période où l’espoir n’avait plus voix au chapitre.


« … la conscience ressemble à l’océan parce que sous la tempête, son fond demeure étal.»

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