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Le soldat désaccordé

Gilles Marchand

« ça chantait, ça criait mais c’était seul. Ce sont les au revoir. C’est comme ça. On a beau mettre une foule en décor, elle ne fait pas le poids face à la solitude. »

Paris. Entre deux guerres. C’est vague, je sais, mais la période couverte sur ces 203 pages est longue - ou courte - comme la paix de 1918 à 1939. Le narrateur est un ancien Poilu. Au début des combats, il a perdu sa main gauche. Mais il est resté au front. Par devoir, par peur, par bravoure ou par lâcheté.

En 1918, il s’est fait détective. Au milieu de tous les morts, de tous les disparus, le rôle qu’il a endossé est celui d’enquêteur. Une manière comme une autre de faire amende honorable.

C’est à ce titre qu’il est engagé par Mme Joplain. Elle est persuadée que son fils Emile est vivant. Quelque part. Et elle veut que notre héros le retrouve, coûte que coûte.

L’enquête va nous mener aux quatre coins de la France, sur tous les fronts, y compris en Alsace, où on ne sait pas vraiment de quel côté penche le patriotisme, dans quel coin on a laissé notre cœur.

Parce que cette histoire n’est pas qu’une histoire de guerre, c’est avant tout une histoire d’amour.


« Elle me manquait encore. Elle était là mais elle me manquait parce qu'elle m'avait trop manqué. Manqué à en pleurer en plein jour, manqué à en avoir peur de la revoir. »

Des gens qui se sont aimés, pendant la guerre ou en temps de paix, on en connaît. Des amours maudites, interdites, volontaires, on en connaît. Des amants prêts à tout pour être ensemble, on en connaît. De Roméo et Juliette à Un long dimanche de fiançailles, les romances ne manquent pas. Et c’est pourtant toujours avec émotion qu’on se retrouve face à certaines histoires, comme celle d’Emile et de Lucie.

Dans l’horreur des tranchées, il y a de la lumière tant qu’il y a de l’amour. Il est rare que ce sujet soit si prégnant sur le front. Beaucoup de soldats sont partis amoureux, certes, mais là, l’auteur nous explique que l’amour c’est ce qui porte les militaires. Ce qui les fait avancer, marcher, combattre, se lever et se relever.

Alternant les souvenirs de guerre du détective et les aventures de ses amoureux, il traite du sujet universel dans un autre ultra connu. Et cette alchimie fait du Soldat Désaccordé un récit à la fois beau et instructif, porteur d’espoir et de chagrin.

Ici, point de jugement sur qui a décidé quoi pendant les combats. Juste des faits et une accumulation d’aléas, parce que ça n’a peut-être été que ça pendant quatre ans.

Un petit roman qui ne fait pas autant parler de lui qu’il le mériterait tant sa plume est efficace et émouvante. Un petit roman à mettre dans toutes les mains, un petit roman qu’on gardera à l’esprit et dans le cœur pendant pas mal de temps.


« L’amour ça se partage bien, t’en prends un bout, il en reste autant à celui qui t’a raconté l’histoire. C’était facile d’être généreux. »

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