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Lucky Losers

Laurent Malot


Les challenges ont ceci d'intéressant qu’en plus de nous faire découvrir de nouveaux auteurs, ils permettent de vider les piles de livres à livres qui s'accumulent dans les bibliothèques. Ce roman ado (dédicacé par l’auteur, s’il vous plaît) n’attendait qu’à être lu… ça, c’est fait !


« On ne corrompt que ceux dont on a peur. »

Sean est un ado de 17 ans assez bien dans ses baskets quand on considère qu’il a dû quitter Londres précipitamment après que sa mère a surpris son père au lit avec un homme et que, le divorce ayant été prononcé, tout le monde est parti en Bretagne, dans le Finistère. Le grand gamin doit adopter la culture du pays de sa mère, même s’ila préféré rester vivre avec son père dans un petit appartement. 

Quand le lycée privé de Douarnenez est fermé du jour au lendemain à cause d’un début d’incendie et que les élèves de la classe bourgeoise de la ville doivent intégrer l’enseignement public, c’est un choc : les fils de riches mêlés à la plèbe, au petit peuple, aux fils d’ouvriers… Il y a forcément du grabuge et Sean est en première ligne. A cause d’une fille, il lance un défi à trois grands dadets : d’ici quatre semaines, lui et ses copains devront concourir dans les disciplines sportives des adversaires, à savoir la natation, l’aviron et l’équitation. Pas sportif pour un sou et asthmatique, Sean est déclaré coach de l’équipe des Losers et porte-parole de toute une classe, de toute une communauté. Le défi lancé à la cantonade va se transformer en véritable lutte des classes, dans un contexte social tendu. En effet, les trois usines qui recrutent le plus dans le bassin menacent de plans sociaux, augmentant ainsi le taux de chômage et la précarité des élèves de l’établissement Saint Hilaire.

Sean est pris au dépourvu : les esprits s’enflamment et il devient le représentant de toute une caste… 


«  … des gens qui n'en peuvent plus des petites humiliations du quotidien, des injustices tellement courantes qu'elles en deviennent banales, des atteintes à la dignité et des rancœurs ravalées. Mettez-les bout à bout, récoltez ce que vous avez semé : une insurrection. »

Je connais l‘écriture, le style et le personnage Malot depuis déjà pas mal d’années. Découvert avec un challenge (déjà) et dans le registre du polar avec Sème la mort, j’avais continué à le lire en littérature blanche et j’avais bien aimé sa manière d’écrire. Lucky Losers est un roman ado qui se lit bien, même s’il y a, de mon point de vue du moins, quelques petites choses qui gratouillent et qui montrent que ce n’est pas la cible de l’auteur. Loin de moi l’idée de dévaloriser l’engagement politique des lycéens mais tout de même, cette histoire de soulèvement social porté par un gamin de 17 ans dans le fin fond du Finistère, ça ne me semble pas crédible…Mais ça a au moins le mérite de souligner que notre jeunesse peut, si elle le veut, bouger et faire bouger les choses, même s’ils ne renversant pas le pouvoir en place. Les réflexions de Sean, qui semble ne pas être bête, loin s’en faut, me font tout de même plus penser à des revendications d’adultes, avec un passif derrière, une sagesse et un vécu qui permet une prise de recul et une résilience qui ne sont pas l’apanage de nos jeunes aujourd’hui. 

Bon moment de lecture qui me permet de retrouver, sur le papier du moins, les côtes adorées de la pointe Bretonne, ce ne sera ni le livre de l’année, ni mon préféré de l’écrivain étampois. Après, je ne suis pas non plus le public de cette littérature, ce qui fait que forcément, je n’ai pas été transportée comme j’aurais pu l’être si j'avais eu 17 ans. Je pense qu’à cet âge-là, les aventures de Sean et de ses camarades auraient éveillé quelque chose en moi, une envie de rébellion et de mouvement. Cet élan est déjà en moi, pas besoin donc de rallumer la flamme, mais je salue l’effort… 


« On mélange les torchons et les serviettes, on se fout du reste parce qu'on s'aime; y a-t-il autre chose qui vaille, en ce bas monde? »  

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