Camille Colva
« Périr de solitude. N’est-ce pas plus angoissant que le coronavirus ? »
Mars 2020. Une maladie un peu particulière commence à toucher le monde entier. Une pandémie qui a paralysé la France en général et trois femmes en particulier. Brigitte, femme noire de 74 ans, experte-comptable en retraite. Diane, 39 ans, coiffeuse, mère et épouse, accessoirement femme battue. Camilla, 20 ans, étudiante en galère, homosexuelle en plein chagrin d’amour.
Lorsque le gouvernement décrète l’état d’urgence et le confinement de la population, ces trois personnes vont se retrouver seules, avec leurs difficultés individuelles, chacune dans un appartement du même immeuble du 18ème arrondissement de Paris. C’est Brigitte qui va donner le coup d’envoi de la rencontre, en proposant à ses voisins de leur confectionner des masques pour se protéger du virus. Elle va ensuite faire la connaissance de la jeune étudiante en lettres modernes puis de la coiffeuse. Toutes les trois ont un point commun : elles aiment lire.
Elles ne se connaissaient pas mais grâce à leur amour des livres, elles vont se découvrir les unes les autres et se prendre d’affection, réalisant qu’elles vivaient sous le même toit depuis des années sans se connaître et qu’il aura fallu les mesures d’éloignement et de distanciation sociale et familiale pour qu’elles se trouvent.
Chacune a ses failles, ses secrets, ses forces aussi et ses idées reçues. Toutes les trois vont se nourrir de cette amitié naissante et prouver, une fois de plus, que seul on va plus vite mais ensemble on va plus loin (parce que l’union fait la force !).
« Vous ne devez jamais, jamais, vous excuser de suivre votre chemin dans la vie. »
Premier roman - auto-édité - de Camille Colva dont j’ai découvert le troisième roman à sortir il y a peu, cette histoire est surprenante de fraîcheur et d’espoir. J’ai personnellement beaucoup de mal à repenser à cette période si particulière qui a été le printemps 2020. Ayant très mal vécu le confinement, j’avais très peur de retrouver l’angoisse de cette période. Mais non ! Carrément pas !
Cette histoire pas si légère montre que dans l’adversité, il y a de la solidarité, de l’humanité, de la sororité. Et qu’avec un peu de bonne volonté, on peut se sortir de l’isolement et de bien pire, grâce notamment en partageant l’amour de la lecture. Je ne connais que peu de choses de Camille Colva mais j’ai tout de même reconnu certains traits et attraits dans ces personnages puissants et fragiles à la fois. De la femme battue qui se démêne pour protéger son fils à la retraitée noire qui doit se battre contre les préjugés (qui s’agisse de sa couleur de peau ou de son âge) en passant par l’étudiante fauchée qui culpabilise de se rendre malade pour une histoire qui n’a duré que trois semaines, il y a un peu de toutes les femmes dans ces trois-là. Tels les trois mousquetaires (mais sans d’Artagnan), elles sont unies par ce qui les différencient, se complétant et s’aidant, parfois même involontairement. Le twist final n’était peut-être pas indispensable mais il ajoute une pointe de surprise à cette formidable histoire d’amitié, à une période où la peur était sans cesse cultivée : la peur de la maladie, la peur des autres, la peur de la mort. L’appréhension est toujours là, mais on la combat mieux en étant soutenue et aimée.
Un très joli premier roman pour lequel je m’étonne réellement que les éditeurs ne se soient pas enthousiasmés car, comme Camilla, Brigitte et Diane, je suis sortie de ma zone de confort et cela m’a beaucoup plu !
« On le voit, le bout du tunnel, mais on n’en connaît pas vraiment la longueur. »
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