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Paris-Briançon

Philippe Besson

« Souvent, la vie se décide sur presque rien, une rencontre, une opportunité, une paresse. »

Confinée à la maison, j’ai décidé d'embarquer, enfin, dans le train Corail 5789 à destination de Briançon. Dans ce train de nuit, j’ai fait la connaissance des autres passagers. La jeune mère avec ses deux enfants - dont l’un des deux est un peu malade - et fuyant un ex-mari violent. Un VRP ventripotent désireux de n’être pas seul, tremblant de peur face à ce que son avenir professionnel lui réserve et forcément attachant. Un groupe de cinq jeunes en route vers les vacances. Un couple de personnes âgées, jeunes retraités, s’offrant une semaine de vacances à la montagne entre deux séances de sa chimio à lui. Un médecin de ville devant aller vider la maison de sa mère décédée et son “colocataire” de compartiment, un jeune sportif au ménisque et à l’amour-propre abîmé.

Toutes ces personnes voyagent ensemble, sans se connaître mais, à la faveur de ce trajet, elles vont interagir. Pas tous les uns avec les autres, bien sûr, mais tout de même. Assez pour se connaître, voire très bien se connaître. S’apprécier, apprécier le temps passé ensemble et ce que ces rencontres vont révéler, dévoiler. Dès les premières pages, on sait qu’un drame va survenir et cela donne à tous ces dialogues, toutes ces interactions, encore plus de valeur parce qu’on ne sait pas qui sera encore là à l’arrivée.


« Oui, on a le droit de vouloir une vie pour soi plutôt qu'une vie dédiée aux autres, fussent-ils ses enfants.»

Ce trajet en train de nuit est mon second voyage dans les pages et les mots de Philippe Besson. Avec Arrête avec tes mensonges, j’avais fait sa connaissance de la manière la plus intime qui soit puisqu'il y s'agissait de son histoire, de son récit. Dans Paris-Briançon, il m’a donné à découvrir le pouvoir extraordinaire de sa plume fictionnelle. De la Gare de Lyon à l’épilogue, tout dans son écriture est juste. Emouvant. La capacité à décrire les personnages, leurs vies - souvent en très peu de mots- leurs ressentis, leurs émois.

J’ai été impressionnée par tout ce qui peut être transmis en si peu de pages (200) : rien n’est à jeter, tout est essentiel. Et il ne manque rien. Les personnages se découvrent et le narrateur omniscient nous les fait découvrir aussi, il nous les fait aimer. Tous. On ressort du train en en ayant forcément un de préféré mais tous ont suscité de l’empathie, de la sympathie.

Pendant ce trajet en train, on sourit, on rit, on s’interroge sur le hasard ou la succession des différents éléments qui nous emmènent là où on est, au moment où on y est, à cette rencontre qui pourrait changer notre vie, à cet endroit et à cet évènement qui vont tout changer. Pour rester dans la dynamique de Besson, je m’arrête là. Pas besoin de plus. Le Paris-Briançon est un train à prendre, un livre à lire.


« Le mensonge, parfois, est moins périlleux que la vérité nue. L’aveuglement, parfois, vaut mieux que la lumière crue. Les regrets sont moins corrosifs que les remords. Les accommodements moins coûteux que les bravades. »

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