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Partie Italienne

Antoine Choplin

Au milieu des 419 sorties de cette rentrée littéraire 2022, ce court roman édité par Buchet-Chastel fait un peu de bruit. Plébiscité par les libraires et autres lecteurs plus ou moins aguerris, il attendait que je me penche sur lui pour que nous fassions connaissance.


« Ses mots pour me dire qu’elle m’embrasse s’étirent un peu, se perdent dans de courtes plages de silence, comme suspendus. »

Gaspard est à Rome. Il y joue aux échecs.

Après un vernissage consacrant douze années de son œuvre artistique et un gros succès auprès des mécènes et autres acteurs de la vie culturelle parisienne, il s’offre une pause dans la capitale italienne. Son agent et maîtresse - Amandine - gère tout ce qu’il y a à gérer, il peut se reposer. Il ne désire rien d’autre que du temps pour lui, pour sa future conférence sur Henry Darger et des parties d’échecs avec des inconnus. Il s’est installé une petite table sur une terrasse de café, sur le Campo de' Fiori et attend les adversaires.

Un matin, une femme s’assoie face à lui et le bat. Deux fois. Elle revient le soir et n'obtient pas sa revanche. Marya est décidément très forte. Ils vont faire connaissance autour d’un échiquier, sous la statue de Giordano Bruno, en déambulant dans les rues de Rome ou un verre de vin à la main. Marya livre son histoire, celle de son grand-père à Gaspard. Elle l’embarque avec elle dans sa quête de parties d’échec retranscrites sur papier et conservées par un vieil ermite italien.


« Une ivresse joyeuse et irréfléchie l’emportait sur tout. Avec le savoir de nos corps qui s’effleurent et la certitude de nous embrasser encore, au premier renfoncement de mur venu. »

En 167 pages, Antoine Choplin a le temps d’aborder de nombreux sujets, peut-être un peu trop nombreux. Les errances de Gaspard et sa mélancolie prennent beaucoup de place et malheureusement, Marya et le passif de sa famille arrivent trop tard pour être bien approfondi.

On aime cette rencontre entre l’œnologue et l’artiste, on aime ces parties d’échec, ces escapades dans le passé tragique du grand-père de la jeune femme, grand joueur ayant joué contre un officier allemand à Auschwitz avant d’être gazé. On aime l’ambiance de Rome, ces promenades dans les rues de la vieille ville, ces parallèles entre les connaissances de l’un et de l’autre.

On aime cet amour naissant, mais on aimerait que cela dure plus longtemps à deux. Il y a beaucoup plus à dire sur Marya et Gaspard ensemble que sur Gaspard tout seul.


L’art est au centre du roman : les sculptures de Gaspard, le vin, le jeu, l’architecture, les mathématiques, la langue. Tout est prétexte à s’émerveiller, à s'émouvoir et à apprendre.


« Et si on sait se souvenir, toi et moi, de ces jours d’Italie, de chacune de ces minutes d’Italie, alors on aura un grand désir de se revoir »

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