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Washington Black

Esi Edugyan

« Les enfants savent tout de la beauté. Ce sont les adultes qui ont oublié.»

Des champs de canne à sucre à la Barbade au désert marocain, en passant par le grand Nord du Haut-Canada, les ports de Virginie et les rues de Londres, nous suivons les aventures du jeune George Washington Black.


« La première règle de la science est de douter des apparences et de chercher la substance. »

En 1830, alors âgé d’une dizaine d’années, il est esclave sur une plantation des Antilles anglaise. Repéré par le frère du maître, il est extrait des champs pour être mis au service de ce scientifique rêveur et utopique qui se prendra vite d’affection pour cet enfant curieux et particulièrement doué. Entre les deux, c’est un lien fort qui va se nouer, les entraînant dans une fuite pour sauver la vie du gamin, accusé à tord de meurtre.

Commence alors la grande aventure, le tour du monde de Washington. Sortant de son île, bercé par ses souvenirs d’enfance mais toujours sur la défensive, en alerte, il découvre le monde, géographique et scientifique. De rencontres en exploration, il se prendra de passion pour la vie maritime et deviendra un savant, un vrai, qui saura saisir toutes les opportunités pour mener à bien ses projets, malgré le poids du passé et la couleur de sa peau.


« J'ai compris qu'il y a de nombreuses manières d'être au monde, et que privilégier un ensemble rigide de croyances plutôt qu'un autre, c'était perdre quelque chose. Tout peut sembler bizarre, et tout a de la valeur. Ou du moins, tout mérite d'être étudié. »

C’est un roman surprenant que voilà, et dans lequel je me suis plongée sans autre attente que celle d’une émancipation. De l’état d’esclave - dans une plantation de canne à sucre - en 1830 à celui d’homme de sciences - au milieu du désert marocain dans le début des années 1840, Washington Black est la preuve que la condition initiale n’est pas une prison pour qui a la volonté et l’aide nécessaire pour s’en sortir.

L’écriture, parfois un peu naïve et facile, nous emmène littéralement aux quatre coins du monde et nos fait découvrir les richesses (et les bassesses) des hommes et de la nature au XIXème siècle. Quand les convictions prennent le dessus sur l’amour que l’on porte aux gens, c’est destructeur. Mais quand c’est l’inverse, même si cela peut faire du mal, ce n’est que pour mieux se retrouver, faire la paix avec soi-même. C’est reculer pour mieux sauter, dans le bon sens du terme.

Ce n’est peut-être pas la lecture de l’année mais tout de même, c’est un beau voyage dans le temps, dans le monde, dans les mœurs, dans l’amour et l’acceptation.


« Quand tu regardes un visage, tu n’en regardes pas un autre. Tu privilégies ce visage. Tu décides qui est digne d’être observé et qui ne l’est pas. Tu choisis qui vaut la peine d’être préservé. »

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