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Lulu

Léna Paul-Le Garrec


« Partager une passion abolit les frontières, toutes. »

Lucien vient de faire une découverte extraordinaire pour la science et l’environnement. Il a créé le Piscis détritivore, une espèce d’énorme poisson qui ingurgite les déchets sous-marins et nettoie ainsi les océans. Un peu à la marge, en décalé avec la communauté scientifique, il revient sur son enfance et la naissance de son amour pour la mer. 

Tout petit, Lulu était déjà à part. Parlant peu ou pas du tout, surprotégé par sa mère, il n’avait que l’école pour le satisfaire : nourrir son envie d’apprendre et d’échapper à la tristesse et aux règles de maman. La classe et le bord de mer, quand maman était suffisamment à l’aise pour le laisser tranquille, marcher, prendre l’air, explorer… Quand il trouve, un jour, un coquillage, naît soudainement une envie : celle de collectionner, de récupérer, de cataloguer tous les coquillages qui sont dans le grand livre bleu de la salle de classe. Et quand cette collection est terminée, il enchaîne sur une autre, puis une autre, puis une autre. La maîtresse est ravie de voir que Lulu sort enfin de sa coquille, maman est inquiète de le voir se plonger dans ses recherches, ses amas d’objets qui s’accumulent dans sa chambre. 

Lucien, qui déteste son prénom, n’aime pas particulièrement les gens et se sent mieux dans son monde de recherches et de quêtes, trouve sur le littoral tout ce qu’il lui faut pour être heureux, répondre à son besoin insatiable de connaissance et lui permet même de se faire des amis… 

  

« À force de tout mémoriser, je me demande si mon cerveau n'est pas allé se réfugier dans mon cœur. »

C'est un roman très court que celui-ci, sur un enfant pas comme les autres, étouffé par une maman seule qui maintient le monde extérieur à l’écart, qui veut absolument protéger son fils, mais dont la peur entraîne exactement ce qu’elle craint le plus : l’éloignement, l’enfermement, l’obsession. 

Avec des mots simples, l’auteur parle de la différence, d’une forme d’autisme, de la préservation de l’environnement. Quoique très court, il n’en est pas moins riche d’enseignement, aussi sur la maternité et sur les conséquences du chagrin. 

Bercés par la musique de Serge Gainsbourg sans vraiment savoir pourquoi, on suit cet enfant qui s’ouvre au monde, sans vraiment s’ouvrir aux gens d’abord. Puis ce qui le rend différent le rend intéressant, une institutrice plus délicate que d’autres saura valoriser les particularités et les manies de ce gamin pas comme les autres. L'intérêt naissant pour la mer et ses trésors, débutant grâce aux coquillages n'a pas été sans me rappeler l'obsession de Grégoire Bouillier sur la plage de Plurien, dans le Dossier M - Noir.

Ode à la mer, pourvoyeuse de rêves, d’évasion, de liberté, personnage à part entière du roman, c’est aussi, dans la deuxième partie, un portrait de mère : pourquoi maman est-elle comme ça ? de quoi a-t-elle peur ? d’où vient Lucien ? 

Beaucoup s’attarderont sur l’océan, je me suis prise d’affection pour cette maman. Une femme élevant un enfant seule, sans repère, sans aide, avec pour unique objectif de le protéger et de nourrir sa singularité sans la mettre en lumière. Une femme toute en contradiction qui, tout bien considéré, aura fait de son fils un génie. Mais qui la félicitera pour cela ? 


« Bientôt petit, des constellations verniront ton regard ! (…) Ne te contente pas de la surface des choses, les profondeurs sont pleines de surprises ! »

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