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Chavirer

Lola Lafon

La question du consentement soulevée par Springora l’an dernier, via ce qu’elle a vécu avec Matzneff a délié les langues et les plumes.

De plus en plus d’auteur(e)s se frottent à cette question « si je n’ai pas dit non, est-ce que ça veut dire que j’ai dit oui ? ». Et Lola Lafon se penche elle aussi sur la problématique en y ajoutant une autre question : « en quoi ai-je participé ? comment m’absoudre de la responsabilité d’avoir livrée des jeunes filles à des bourreaux ? ».

Cléo a 13 ans, elle rêve de devenir danseuse. Elle s’entraîne d’arrache-pied à la MJC de Fontenay et rencontre un jour Cathy, qui lui propose de postuler à une bourse. Cathy croit en Cléo, Cléo a besoin de cette confiance. Elle fera ce qu’on lui demande, éblouie de l’intérêt qu’on lui porte, jusqu’à ce déjeuner, un mercredi midi, ou un homme, censé être juré de la Bourse Galathée, va tenter d’abuser d’elle. De là, elle sera « éjectée » de la bourse, mais peut encore se rendre utile : elle peut recruter des jeunes filles qui elles seraient prêtes à tout pour voir leurs rêves se réaliser.

Cléo va se plier quelques temps à ce jeu, jusqu’à ce que Betty, 12 ans, soit la gamine de trop, celle qu’elle ne veut pas « livrer ».

Pendant des années, Cléo va vivre avec la culpabilité de ce qu’elle a participé à construire et à faire endurer à ses camarades de collège. Pendant des années, Cléo va se punir en infligeant à son corps les pires souffrances de la danse, s’oubliant dans la douleur pour tenter de se pardonner à elle-même à défaut d’obtenir le pardon des autres.

Ce roman est juste, simple, naïf même parfois, comme on peut l’être quand on a 13 ou 14 ans. C’est un roman qui mérite d’être lu, mais qui mérite aussi d’être mis entre les mains de nos filles, de nos enfants, pour qu’ils comprennent que tout n’est pas acceptable, tout n’est pas pardonnable, et qu’à 13 ans, on n’est toujours qu’un enfant

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