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Frère

Halldór Armand

« Nos luttes les plus intimes ne sont pas visibles à l’œil nu. Plus notre souffrance est profonde, moins la surface ondule. Notre vie se déroule dans l’ombre. »

Tout commence par un match de foot. En 2016, l’Islande rencontre l’Angleterre en finale de l’Euro, à Nice, dans le sud de la France. Skorry se rend à cet événement avec son ami d’enfance, Le Petit. Après le match, le jeune homme disparaît pour ne réapparaître que le lendemain matin.

Un peu plus tard, Hannah quitte Reykjavik pour quelques semaines. A Borgarnes, sa route croise celle de Skorry. Et tout lui revient en mémoire. Celle qui cherche l’inspiration pour rédiger son premier roman se souvient de Tinna, la jeune sœur de Skorry, avec qui elle était au lycée et dont elle était amoureuse.

Tinna qui était nimbée de lumière, de mystère. Qui a quitté le lycée du jour au lendemain, sans laisser de trace, sans dire à ses camarades où elle se rendait, ni pourquoi, ni comment.

Skorry va offrir à Hannah le plus beau des cadeaux : son histoire et celle de sa sœur. Ce qu’ils ont vécu, traversé. Ce qu’il lui a fait endurer pour maintenir le silence sur un terrible secret. Comment ce secret a eu raison de leur lien fraternel si fort et si puissant qu’il en est devenu étouffant pour la gamine, qui - à peine âgée de 20 ans - décide de quitter l’Islande, quitter sa famille, quitter son frère.

Skorry se livre. Entièrement. Et se libère au moment où Tinna a de nouveau disparu et qu’il décide de partir à sa recherche.


« L'un des plus étranges paradoxes de la vie est le fait que chaque individu soit condamné à se voir comme le centre de l'univers, tout en étant parfaitement conscient que l'univers n'a que faire de lui. »

Ce n’est pas forcément le roman le plus facile à expliquer et encore moins à lire. Cette ambiance, cette écriture islandaise à laquelle on n’est pas vraiment habitués est parfois troublante et décourageante. Il est loin le style policier d’Indridason !

Mais l’essentiel n’est pas - de mon point de vue - tant dans la construction que dans le contenu. Un frère et sa petite sœur, orphelins de mère, unis par le chagrin d’abord, par le secret ensuite. Ce même secret qui les éloignera l’un de l’autre, les rendant profondément malheureux. Et qui combattront le mal par le mal pour se retrouver parce que rien ne peut lutter contre la fraternité.


« … les rêves sont traîtres. Ils vous appâtent et puis vous abandonnent. Ils ne vous aiment pas autant que vous les aimez. »

Pas d’inceste, pas de rapports charnels, rien de malsain, à priori. Mais un amour fou. Un amour fusionnel, passionnel même. Un amour qui rend triste parce que l’autre n’est pas soi, l’autre a son individualité, ses décisions et sa voie propre. Une fratrie forte, un père présent mais démuni, des cachoteries, des mystères, des drames. Et par- dessus tout, le besoin de protéger l’autre, quoiqu’il en coûte.

Un roman qui fait réfléchir à la puissance du lien fraternel et des limites que l’on pose à ce lien : jusqu’où serions-nous prêts à aller pour protéger celui, celle (ceux?) qui sont notre prolongement ? Et que sommes-nous prêts à accepter et à faire pour maintenir le lien ?


« …rien n'illumine, et par conséquent n'aveugle, comme la lumière de l'amour… »

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