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Lettres persanes

Montesquieu

« Nous sommes entrés dans le plan d’une nouvelle harmonie : nous avons mis entre les femmes et nous la haine, et entre les hommes et les femmes l’amour.  »

Encouragée par la lecture de Comment peut-on être français ? de Chahdortt Djavann, je me suis lancée dans ce classique de la littérature du XVIIIème. On va dire que ça, c’est fait… 


« Il ne faut pas beaucoup d’esprit pour montrer ce qu’on sait ; mais il en faut infiniment pour enseigner ce qu’on ignore. » 

Usbek et Rica ont quitté la Perse pour partir à la découverte de l’Occident. Depuis leurs différentes destinations, en particulier Paris, ils livrent leurs réflexions sur ce qu’ils observent et ce qu’ils pensent. Les disparités entre ce qu’ils ont vécu à Ispahan et ce qu’ils expérimentent en Europe les surprend mais pas seulement. Cela éveille en eux de l’incrédulité, du doute, parfois même de la colère. Ils tentent de comprendre la société à laquelle ils sont confrontés et la comparent à ce qu’ils ont laissé au pays. L’éducation, la religion, la science, la littérature, le pouvoir et surtout la place et la condition des femmes, tout est passé au crible de leur analyse et de leur ahurissement. 

Sur une durée approximative de dix ans, ils ne cessent de partager leurs pensées et leurs regards sur les Français, les Italiens, les Espagnols. Les juifs aussi sont passés au tamis de leurs réflexions. Bref, rien ni personne n’est épargné. 

Mais pendant qu’ils observent et s’étonnent, la vie continue au sérail d’Usbek : ses cinq femmes se languissent et bientôt se rebellent contre les eunuques qui en ont la garde. Elles ne peuvent plus supporter l’absence de leur époux et, par courrier (puisqu’il ne s’agit que de lettres ici), le maître du Harem apprend les malheurs qui frappent sa propriété, le forçant à rentrer en Perse.


« Il me semble que, jusqu’à ce qu’un homme ait lu tous les livres anciens, il n’a aucune raison de leur préférer les nouveaux.  »

Que dire, que dire ? Djavann a si bien parlé de Montesquieu qu’elle m’a séduite. Elle m’a donné envie de me confronter à ce grand classique de la littérature, dont j'avais forcément beaucoup entendu parlé sans jamais oser franchir le pas des premières pages. Force est de constater que ce n'était pas le bon moment pour ce genre de littérature. 

Certes, il est très intéressant de voir ce qu’il existe de différences entre Orient et Occident au XVIIIème, et la forme épistolaire permet à l’auteur de livrer des réflexions, des analyses et des critiques même, comme si elles étaient celles de ses personnages, mais j’ai eu beaucoup de mal à rester concentrée, à me plonger dans les idées de l’auteur qui, ne connaissant pas vraiment la Perse, ne pouvait que conjecturer. 

Ces lettres sont surtout pour l’auteur un prétexte, une opportunité de livrer ses ressentiments quant à la société dans laquelle il évolue. Il philosophe sur la situation politique sous Louis XV, sur la condition des femmes et leurs caprices, sur l’incapacité des hommes à se contenter de ce qu’ils ont, cherchant toujours à se satisfaire de plus, d’autres choses… Derrière Usbek et Rica, il se lâche. Ce n’est pas lui qui parle, ce sont ses personnages. Il peut donc y aller franco ! Partager avec le lectorat ses contrariétés, ses jugements. Et aussi une sorte de fascination pour le beau sexe qui a finalement le pouvoir de réduire le masculin. Les femmes d’Europe, finalement, ont le pouvoir de nuire à leur époux, de les réduire à leur pauvre condition d’hommes. Contrairement à l’Orient où elles font partie d’un sérail et sont donc soumises aux lois du maître, les occidentales ne souffrent pas de la condition d’esclave et on n’arrive pas vraiment à savoir si Montesquieu le déplore ou s’en réjouit. 

Bref, une lecture ardue qui me donne la satisfaction d’avoir lu ce classique malgré la difficulté et la complexité du discours… Je vais me choisir quelque chose de plus léger maintenant !


« Quand on cherche si fort les moyens de se faire craindre (...), on trouve toujours auparavant ceux de se faire haïr. »

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