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L'île des âmes

Piergiorgio Pulixi

A l’occasion de la rentrée littéraire 2023, un nouveau roman de Pulixi est annoncé sur les étals des librairies. Mais avant de m’y plonger, il me fallait découvrir le premier roman de l’auteur de polar Sarde. Immersion dans une région méconnue de l’Italie.


« Si tu n'entres pas ici avec une solution, c’est que tu fais partie du problème.. »

Mara Rais et Eva Croce ne se connaissent pas mais elles vont devoir travailler ensemble car toutes les deux ont été mises au placard à la questure de Cagliari. Rattachées au service (expérimental) des affaires classées, on leur demande d’enquêter sur deux homicides datés respectivement de 40 et 30 ans, perpétrés selon le même mode opératoire, selon des rituels ancestraux de l’île. Des jeunes femmes ont été tuées selon un rite nuragique, le meurtrier jamais arrêté, les victimes jamais identifiées.

Alors qu’une autre disparition est à déplorer sur l’île, Rais et Croce sont chargées de se rapprocher d’un vieux flic à l’article de la mort, hanté par les affaires précédentes : il a en sa possession un dossier d’investigation qui pourrait aider à élucider l’affaire en cours.

Les deux inspectrices vont donc apprendre à se connaître en menant une enquête qui les entraînera toujours plus loin dans les méandres d’une secte aux ramifications nombreuses et surprenantes, aussi ancestrales que violentes, tout en respectant une liturgie très précise. Au fur et à mesure qu’elles progressent, on suit la famille des Ladu des montagnes qui tente de se sortir d’une mauvaise année : jusqu’où seront-ils prêts à aller pour honorer la Déesse-mère et retrouver la sérénité des bonnes récoltes et de la bonne santé ?


«… souvent nous pardonnons sans sourciller celui qui nous blesse, mais il nous est impossible de pardonner celui des nôtres qui s’est laissé blesser sans sourciller. »

Je suis consciente que le paragraphe ci-dessus peut paraître vague, mais il est très compliqué de rentrer dans le détail de l’intrigue de ce roman sans trop en révéler, au risque de gâcher le suspense qui doit être préservé.

Avec force détails historiques, religieux, ancestraux, Pulixi nous décrit une Sardaigne inconnue et séduisante. Riche en coutumes et en mythologie, elle est le théâtre de peu de drames, mais ces derniers sont particulièrement macabres. Il y a parfois des moments plus longs, des explications qui dépassent le lecteur par la richesse d’un vocabulaire spécifique et presque élitiste. Mais au fur et à mesure, tout fait sens, tout se met en place et, sachant qu’il y aura une suite, on est en droit d’espérer que certaines parties de l’intrigue prendront du sens, notamment tout ce qui touche à la famille Ladu. On fait - au fur et à mesure du récit - des liens qui éclairent et donnent à ce polar une dimension intergénérationnelle et ancrée dans l’Histoire et les us de l’île au mille secrets. Contrairement à sa voisine la Sicile, la Sardaigne n’a pas la réputation d’être le berceau d’une mafia ou d’une quelconque organisation douteuse. C’est un endroit mal connu, qu’on pourrait même oublier tant elle ne fait pas parler d’elle. L’auteur lui rend ses lettres de noblesse en lui redonnant la richesse de son passé, de son antiquité vieille de plusieurs milliers d’années.

Un très bon polar donc, qui donne envie d’aller sur place et surtout, surtout, de ne lâcher ni cet auteur ni ces personnages !


« Ce n’est qu’en devenant mère que tu comprends à quel point tu es imparfait en tant qu’être humain.»

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