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La note américaine

David Grann

« L'Histoire est un juge impitoyable. Elle expose au grand jour nos erreurs les plus tragiques, nos imprudences et nos secrets les plus intimes; elle jouit de son recul sur les événements avec l'arrogance d'un détective qui détiendrait la clé du mystère depuis le début. »

C’est en voyant la bande annonce du film de Scorcese, The killers of the flower moon que je me suis intéressée à l’ouvrage dont il était tiré. Un grand voyage dans le temps, dans l’espace et dans l’injustice m’attendait… une grande leçon d’Histoire aussi. Comme je les aime…

« Un détective privé disait qu'il pouvait bien être considéré comme "un misérable serpent", il n'en était pas moins aussi vu comme « le vengeur secret et silencieux de Sa Majesté la Loi »

C’est bien connu, les hommes blancs aux États-Unis ont fait preuve d’une grande cruauté à l’égard des populations Autochtones. Au début du XXe siècle, les osages ont été baladés de droite et de gauche à travers les différents territoires. Jusqu’à ce qu’ils se posent enfin sur une terre aride, n’interessant pas les colons. Plus malins que les hommes blancs. ils ont obtenu le droit d’être propriétaires non seulement de la terre mais également des sous-sol. Ils avaient déniché le filon : l’or noir coulait sous leur terrain.

Très rapidement, ces indiens se sont enrichis grâce au pétrole. Ils vendaient les barils et louaient parfois des terrains. Ils sont devenus plus riches que les blancs qu’il leur arrivait d’employer.

En 1921, deux Osages sont tués l’un après l’autre. Leurs morts ouvrent ce qui s’appellera plus tard la « Grande Terreur ». On dénombre une vingtaine de meurtres entre 1921 et 1926 : morts par balle, empoisonnements et même explosion d’une maison. Les forces de l’ordre présentes sur place ne se donnent pas beaucoup de mal pour éclaircir ces affaires, quand ils ne font pas tout pour brouiller les pistes. Devant le manque de résultats et l’accumulation de cadavres, Hoover, alors à la tête de ce qui n’était pas encore le FBI mais le Bureau Of Investigation envoie une équipe qui mettra le temps qu’il faut mais n’arrêtera pas avant d’avoir obtenu justice. L’agent White et ses acolytes, sous couverture, vont suivre toutes les pistes pour arriver au même résultat. Reste alors à réussir à surpasser la corruption qui règne et à faire respecter la justice pour les morts Osages et leurs proches.


« Un officier incarne littéralement la loi et il n'y a rien d'autre que son propre jugement et son index posé sur la détente pour se dresser entre lui et l'exécution d'un suspect… »

Difficile de décrire cet ouvrage que j’ai attaqué comme un roman avant de vite me rendre compte que ce n’en était pas un. L’écriture va droit au but, en s’attachant aux principes d’enquête des agents de J. Edgar Hoover. C’est du journalisme d’investigation, comme Tokyo Vice d’Adelstein ou LA Bibliotheque d’Orlean.

En explorant les différentes pistes d’investigations qui ont été suivies, David Grann dénonce plus que des meurtres d’Indiens. Il dénonce le racisme, il dénonce la corruption, il dénonce le détournement et l’abus de faiblesse dont s’est rendu comptable bon nombre de personnes.

L’homme blanc dans toute sa splendeur, n’a jamais voulu considérer ces natifs comme des personnes, des adultes responsables, doués de bon sens, de sensibilité et d’intelligence. Nombreux ont été ceux qui se sont joués de ce peuple, certains plus que d’autres, allant jusqu’à la plus grande monstruosité par appât du gain.

L’auteur met en lumière, les méthodes de l’agent White, décrit un Hoover pas toujours très intègre, mais va plus loin que le FBI. Suite à sa visite en territoire Osage en 2012, il va lui-même pousser les recherches et mettre en lumière une période de terreur, bien plus grave, bien plus longue, et surtout bien plus assassine.

Une ère peu glorieuse de l’Histoire de la première puissance mondiale, pourtant toujours prompte à nous donner des leçons d’humanité.

Un livre à lire pour ne pas oublier et pour ne pas se tromper : celui qui est différent, n’est pas moins bien, n’a pas moins de valeur, et n’est pas plus bête. Bien, au contraire !

Un livre à lire, tout court !

« Nous réunissons le passé et le présent en nous-mêmes et affrontons l'avenir. Nous restons des Osages. »
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