top of page

Le Dossier M - 3 Violet (Le réel)

Grégoire Bouillier

« Chaque seconde est une seconde de vie arrachée à la mort qui vient. Ce n'est pas comme si nous avions toute la vie devant nous. »

Où en étions-nous ? Grégoire a enfin rencontré M, il en tombe éperdument amoureux en 3 heures de conversation et alors qu’elle lui dit enfin qu’elle l’aime, elle tombe dans le coma. Avant de reprendre ses esprits et ses simagrées.


« Le suspens est devenu la condition d'apparition des choses. Il est ce qui unit tout ce qui se passe dans une seule émotion. »

Ainsi donc, M est sortie indemne de son séjour à l’hôpital. Elle est en pleine forme et continue son petit jeu de séduction avec le narrateur. Elle accepte une invitation chez lui, qui se transforme en jeu, assez dérangeant, de tirs sur livres avec une arme à plomb. L’ambiance est à la légèreté et à la séduction. Mais quand enfin le conteur se décide à prendre les choses - et la jeune femme - en main, cette dernière se débine. Non. non. NON. Elle ne cèdera pas. Elle est fiancée. Sur le point de se marier. 

Le jeu se calme, eux aussi. Un baiser échangé et la belle mord l’amoureux transi. Au sang. Avant de partir, quitter l'appartement en laissant un cadre de travers. Comme le cœur du narrateur. Plus rien ne va. Il doit se sortir de cet amour, de cette obsession qui les fait souffrir tous les deux au-delà du raisonnable. Il doit les sauver, se sauver, même s’il a une conscience accru de l’enfer que serait sa vie sans elle. Même s’il sait que sans le maudit fiancé, il aurait plus de chance, mais que, n’écrivant pas de fiction et n’étant pas un assassin, il ne peut rien faire pour effacer ou supprimer l’importun. 

Tout repose sur ses épaules. Leurs vies et leur malheur. Leur chagrin. Et puisque le destin s’acharne, de toute façon, il n’y a pas d’autre issue que de renoncer.


« Les mots font exister ce qui, sans eux, n'a pas lieu d'être; penser certaines choses les rend réelles pour soi et impossible de revenir ensuite en arrière. »

Raconté comme cela, on dirait presque du (bon) Flaubert. Un amour voué à ne pas être satisfait. Un roman de Madame de LaFayette des temps modernes. Une passion dévorante, non assouvie, et à la fin, julien s’est pendu à la fenêtre de sa chambre avec une ceinture de pantalon. 

Parce qu’on en revient toujours au même : le narrateur est amoureux. Raide dingue. Malheureux comme les pierres, prêt à littérairement tout mais factuellement plus raisonnable. Il se bat avec ses armes et il sait qu’il a perdu. Et puis, il faut dire ce qui est : elle a un peu l’air d’avoir un grain et M comme Maboul, Malsaine, Maléfique même. Je me suis tellement prise d’affection pour le héros que je la déteste, elle qui ne sait pas ce qu’elle veut, ce qu’elle fait, le mal qu’elle propage et qu’elle dilue dans le cœur de ce pauvre homme. Elle est comme la Princesse de Clèves qui repousse le Duc de Nemours, comme Madame Arnoux qui se refuse à Frédéric Moreau. Elle le fait tourner bourrique et nous avec. 

Tu veux ou tu veux pas ? Sauf qu’elle veut puis ne veut pas. Et le narrateur d’en faire une maladie. 


Parcheminé de digressions en veux-tu en voilà, depuis une soirée arrosée sur le thème de la guerre des sexes jusqu’à l'atterrissage forcé d’un avion dont le train était bloqué en 2005, en passant par Leslie Tomson annonçant à Humbert  Humbert que la mère de Lolita est morte et le décès de la maman de Grégoire, en vrai, pas cool. 

Il nous emmène où il en a envie, et on ne comprend pas toujours où il veut en venir, mais on le suit, on ne lâche pas le livre car on n’a pas envie de lui lâcher la main. On est à la moitié de l'œuvre et on veut savoir, on pleure, on geint, on crie presque avec lui, pour lui. On trouve aussi, ici et là, des éléments qui nous font sourire car ils annoncent les livres à venir. On furète sur internet pour chercher de quoi il parle, pour parcourir les compléments de récit sur le site du livre.

On aime ou on n’aime pas. Personnellement, je sais dans quel clan je suis. Il me reste autant de chemin à parcourir que de route déjà parcourue et c’est un régal, une obligation à prendre son temps, à digérer parfois certains passages, à faire des pauses, à réfléchir. Penser à l’Amour, au destin, à la vie, aux SMS qui n'arrivent pas et aux conséquences qui en découlent. 

L’idée étant de prendre mon temps, je me restreint à un volume par mois. Arg… pas sûr de tenir… parce que M comme impatience. 


« Face à l'incertitude, toute décision apparaît un soulagement. Aussi funeste soit-elle, on s'y tient. On a quelque chose à quoi se tenir.

5 vues0 commentaire

Posts similaires

Voir tout
bottom of page