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Mustiks

Namwali Serpell

Passionnée que je suis de l’histoire de l’Afrique en général et de la question de la colonisation en particulier, je me suis jetée à yeux perdus dans ce récit, ignorant presque tout de la Zambie et de son passé.

Il ne m’aura fallu que deux mots pour me donner envie de ce livre : épopée et Zambie… des fois, il faudrait que je regarde un peu plus dans le détail…

« La guerre est un cauchemar (…). C’est une maladie, quelle que soit la couleur de la main qui tient l’arme.»

Tout commence au début du XXème siècle. Sur les traces de Livingstone, Percy est un anglais envoyé aux colonies pour suivre les avancées des britanniques en Rhodésie. Aux bords du fleuve, Anglais, Espagnols et Italiens subissent les attaques de moustiques, les maladies, les morts. Notre chemin quitte la route de Percy lorsque celui-ci rentre à Londres, se marie et fonde une famille.

L’auteure nous emmène ensuite en Italie. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, Sibilla naît d’un amour interdit entre sa mère domestique et son père, le patron. L’enfant a un handicap très lourd : tout son corps est recouvert de poil. Absolument tout! Mais cela n’empêchera pas la jeune fille de tomber amoureuse et de fuir avec celui qui deviendra son mari… en Zambie.

Enfin, la troisième branche, celle de Matha. La petite fille ingénue devient une jeune femme intelligente, intégrée dans un programme révolutionnaire et philosophique qui se bat contre le capitalisme et le colonialisme. Abandonnée par l’homme qu’elle aime, enceinte de lui, elle devient celle qui pleure, celle dont les larmes ne s’arrêtent jamais de couler…

Ces trois branches (britannique, italienne et zambienne) ne vont pas arrêter de se croiser, de s’emmêler, d’être plus ou moins liées jusqu’à ce que Joseph, Jacob et Naila finissent par se trouver et par œuvrer ensemble.

Et toujours, d’en haut, le regard et l’analyse des nuées de moustiques qui vont et viennent, nous piquent, nous contaminent, nous gâchent la vie et sont, malgré leur petite taille, les véritables maîtres…


« Il n’est jamais facile d’imaginer la souffrance des autres, encore moins une souffrance aussi abstraite qu’un chagrin d’amour. »

J’ai énormément appris. Vraiment! De 1900 à 2012.

J’ai adoré ces destins de femmes brisées mais néanmoins braves et courageuses. Certains personnages comme Sibilla, Matha ou Agnès sont admirables… je ne cite que les grands-mères mais d’autres auraient leur place aussi dans cette liste ! La transformation du pays, ses combats, sa vie depuis l’indépendance, sa dépendance au commerce, sa grande richesse culturelle confrontée à sa pauvreté financière… voyez, il y a beaucoup de belles choses dans ce roman.

Et puis il y a le dernier quart. Et là, j’avoue ne pas avoir compris pourquoi. Pourquoi tout mélanger de la sorte… on tombe dans une sorte de dystopie à la Fahrenheit 451, une version catastrophique de l’omniscience des nouveaux moyens de communication qui, sous couvert de soigner, servent avant tout à contrôler les masses.

« Le progrès n’est jamais qu’un mot qui sert à masquer le pouvoir à l’œuvre. »

Je me suis complètement perdue dans cette dernière partie et je suis déçue, réellement car j’étais vraiment bien en Zambie, au cœur de Lusaka et de son quartier Kalingalinga où se passent tant de choses… j’ai trouvé dommage ce revirement dans une science-fiction qui ne me paraissait ni justifiée ni indispensable, bien au contraire…

Mais... Lisez-le, laissez-vous porter par l’écriture juste et bien pesée de cette jeune auteure, mais n’hésitez pas à faire une pause. Si je l'avais fait, j'aurais pu appréhender ce roman comme s’il y’en avait deux et sans doute mieux l’apprécier…

« L’évolution a façonné toute la vie à l’aise d’un seul outil : l’erreur… »

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