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Tout part à la nuit

Louis Cabret

« Le deuil l'a amené à ce point de tristesse où les larmes ne viennent plus. La tristesse ne le quittera qu'avec la mort ou la mémoire qui craque. »

Un soir de 14 juillet. Il est tard, Tiffanie hésite à rentrer chez elle. Son fils Joris, de 7 ans, dort sur la table ; Chris, le grand de 15 est quelque part par là, avec ses copains. Son ex-mari est en prison, elle est chez elle, dans son univers. Jamais elle n’a envisagé de quitter sa région, son village, ses patients. Aide-soignante à domicile, elle est toute entière à ceux qu’elle accompagne et qu’elle aime. Mais qui est là pour elle ?

Marvin l’aborde. Délicatement. Ils boivent un verre, s’accordent une danse. Et une chose en entraînant une autre, il entre dans sa vie à elle, puis dans celle des enfants et de la famille au sens large. Les mois passent, Marvin apprivoise tout le monde, doucement. Même l’ado rebelle et colérique. Mais il y a quelque chose qui met le lecteur mal à l’aise. Il est trop gentil, trop poli, trop serviable, trop parfait. Le premier à s’en rendre compte est Joris. Mais qui l’écoute, du haut de ses 7 ans ? La grand-mère se doute de quelque chose, mais allez savoir avec les gamins…

Marvin s’installe chez Tiffanie et les enfants. Il prend sa place dans la famille, adopte les comportements pour rassurer et pose les questions qu’il faut pour obtenir les réponses qu’il cherche.

Et pendant ce temps, le père est en prison. Il attend les visites de ses enfants, les espère. Et croit malgré ses conneries et le divorce en la loyauté de son ex-femme.


« Et l'appel du monde qui parle de plaisir et d'un appétit immense et écrasant... Comme si le désir était partout réciproque au sien. »

Ce premier roman de Louis Cabaret a un petit quelque chose d’hypnotisant. Comme Marvin. C’est doux, c’est fluide, on ne voit pas venir le danger, on ne devine pas la faille avant d’être juste au bord.

Il y a un petit quelque chose qui ressemble à du Nicolas Mathieu dans sa manière de décrire les gens simples et les émotions fortes (et venant de moi, c’est un énorme compliment!). Les « petites gens », la France ordinaire, les personnes foncièrement bonnes, les déçus de la vie, ceux qui gardent espoir et ceux qui se débattent pour ne pas s’écrouler. Les grands empathiques et les beaux salauds qui ne sont pas ceux que l’on croit. Tous les personnages ont quelque chose d’attachant, de touchant. Tiffanie en grande blessée de la vie et des hommes de sa vie. Chris en rébellion, perdu dans l’amour de sa mère et la délinquance de son père. Joris qui sens qu’il y a quelque chose qui ne colle pas, qui ne va pas, mais qui ne sait pas l’exprimer. Et Marvin.

Il est difficile d’en dire plus, parce qu’on a vite fait de divulgacher l’intrigue de ce court roman de 215 pages. Rapide à lire parce que passionnant, il est annonciateur d’un grand talent, d’une grande délicatesse et d’un style accrocheur ! Une chose est sûre, c’est que ce premier récit intrigue et mérite que l’on suive de près l’actualité de ce nouvel acteur de la scène littéraire française !


« Le paysage, pour qui ne l'a pas vu défiler depuis des années, est une jouissance suffisante. »

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