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Un long, si long après-midi

Inga Vesper

« tu batifoles, tu convoles, tu t’envoles, tu dégringoles. »

En 1959, sous le soleil de Santa Monica, les femmes au foyer ont une belle vie. En particulier Joyce Haney. Belle, mariée et mère de deux adorables petites filles, elle attise la convoitise des hommes et la jalousie des femmes, sous les apparences de l’amitié et de l’admiration. 

Seule Ruby, la jeune domestique afro-américaine qui vient tous les jours voit la tristesse et le désespoir de Joyce. Elles ont beaucoup plus en commun qu’on ne pourrait le croire. Aussi, lorsque la maîtresse de maison est portée disparue et que tout son entourage cherche sa trace, Ruby décide de faire confiance à un inspecteur blanc, le seul qui voit en elle un témoin clé et non pas une coupable potentielle. 

Car qui mieux qu’une domestique quasi transparente et sans aucune valeur pour les blancs des quartiers résidentiels pour dévoiler les secrets qui se cachent derrière les portes des belles maisons ? 

Dans un contexte de ségrégation, de lutte pour les droits civiques et alors que la Californie est en pleine transformation, Ruby et l’inspecteur Blanket vont tout faire pour faire éclater la vérité sous le vernis des apparences et des faux-semblants.


« Où est le problème ? Il fait chaud, tu fais avec. Dieu va pas changer le temps pour tes pauvres fesses. » 

Ce premier roman de la jeune auteure britannique se lit d’une traite. Impossible de lâcher cette enquête qui nous emmène dans les non-dits des banlieues favorisées de Santa Monica et dans la misère des quartiers des minorités voués à la destruction à cause des travaux décidés par les pouvoirs politiques.

Doux mélange entre La couleur des sentiments de Kathryn Stockett et Alabama 1963 de Niemec & Manchette (avec une pincée de Desperate Housewives), on suit l’enquête sur la disparition de Joyce en même temps que le début du combat de certaines femmes pour obtenir plus de liberté et de certains noirs pour plus d’égalité. 

Et Ruby est une jeune femme noire, double peine donc. 

Avec une agilité remarquable pour un premier roman et un rythme qui nous fait nous accrocher au livre comme à une bouée dans une mer déchaînée, Inga Vesper nous offre une immersion dans ce qui s’avère être une lutte pour la liberté, à plusieurs niveaux. Elle fait ressortir les points communs là où on ne les attendait pas et tout fait sens. 

C’est un excellent premier cru, qui fait attendre avec impatience le prochain en appréhendant tout de même  que ce qui suivra ne soit pas aussi bon ! 


« C'est un mauvais exemple pour les enfants, une mère qui se fait plaisir, quand il y a des repas à prévoir, des tapis à aspirer et des bouquets de fleurs à arranger. »

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