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Amour fou

Denis Michelis

« L'amour n'a pas besoin de confiance. Il est au-delà de la confiance, au-delà de tous ces questionnements à la con. »

C’est reparti pour une découverte totale : une plongée dans la folie de l’amour, menée de main de maître par un auteur qui semble particulièrement au courant des ravages que peut entraîner la passion. 


« il faut faire des choix parmi ses fréquentations, surtout quand on n'en manque pas, qu'on ne souffre pas de solitude ou qu'on possède le luxe suprême de pouvoir choisir la solitude plutôt que la subir. »

Barnabé est un jeune homme de 26 ans qui, après plusieurs années, se voit dans l’obligation de rentrer chez ses parents. Il n’a plus d’argent, plus de travail, plus d'associés, plus rien. Il n’a nulle part d’autre où aller et, une chose est sûre, il aurait mille fois préféré avoir une autre option. Parce qu’il y a quatre ans, Barnabé est tombé amoureux de Clarisse. Il a été (très) insistant, sans doute trop. Il l’espionnait, la suivait, lui envoyait des centaines de messages. Clarisse était gentille, mais pas intéressée. Et puis Clarisse est morte : suicide, meurtre ou accident, on ne sait pas, elle est tombée du haut du belvédère et son corps s’est écrasé sur la plage en contrebas. Barnabé a été inquiété par la justice et même s’il n’a pas été condamné pour homicide, il a écopé d’une peine de sursis avec obligation de soins. 

Alors qu’il revient au village, au grand désespoir de son père Randolf, le psychiatre du coin, le jeune homme croise une autre belle femme, et alors les papillons se réveillent. Il est de nouveau amoureux. Mais cette fois, c’est plus compliqué : il doit réussir à se soustraire à la surveillance de sa mère et à la méfiance de son père. 

En parallèle, Célia est entendue par les forces de l’ordre. Rosalie est décédée dans des circonstances mystérieuses et on veut savoir si elle avait des raisons de vouloir en finir avec la vie ou si quelqu’un l’a “aidée”. 

Enfin, il y a Thomas, policier municipal déprimé et déprimant, passionné de polars et qui voit dans le retour de Barnabé une source potentielle de problèmes à venir, et de manigances à contrecarrer.

Tous ces personnages naviguent les uns autour des autres, se tournant autour dans un espace-temps flou et alambiqué, dans une Normandie pluvieuse et morose de novembre…


« l’amour n’est rien sans obsession, sans le ressassement qui arrête le temps. »

Rien ne me prédestinait à cette lecture avant la présentation de l’ouvrage par Page des libraires et par Vleel. Auteur inconnu, petite maison d’édition, j’aurais très bien pu passer à côté, et ça aurait été dommage, vraiment. 

Ce roman chorale présente un schéma narratif qui entraîne le lecteur dans la folie, le mystère et l’amour passionnel. En passant de Barnabé à Thomas, Célia, Randolf ou Joanne, on alterne les points de vue et on avance dans l’intrigue avec délice et un humour grinçant, cinglant, comme le froid de cet hiver normand. Tous les protagonistes ont des choses à cacher et nous, lecteurs, nous connaissons tout ce qu’ils se dissimulent les uns aux autres, ce qui permet les conjectures et les projections. On a envie de secouer Thomas, de réconforter Rosalie, de dénoncer les uns ou les autres. On se rend vite compte que personne n’est complètement innocent, à part peut-être la petite Clarisse, victime originelle. 

Denis Michelis a lu beaucoup de romans policiers, ça se sent. Et même si les références qu’il cite n’existent pas pour de vrai (je les ai quasiment toutes vérifiées), on se doute qu’il a une connaissance du style qui lui permet de construire une intrigue digne de Maurice Leblanc, Emile Gaboriau ou Agatha Christie

Pas trop de violence physique, des retournements, des cachotteries, des souvenirs et des personnages haut en couleur qu’on adore détester (ou apprécier, mais c’est plus rare) : tous les ingrédients sont réunis pour se détendre, ne pas se prendre la tête et dans la satisfaction d’avoir passé un bon moment dans ces pages !


« Avoir un cœur peut vous attirer des ennuis, il est là le problème (…). L’empathie est un piège. »

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