Romain Puértolas
Je me suis régalée, il y a quelques mois, à ma plus grande surprise, avec Les Ravissantes car contrairement à beaucoup, je n’ai pas réussi à rentrer dans l’aventure du Fakir... du coup, je me suis dit que j’allais tenter la rencontre avec cette police hors du commun.
« De mémoire de rose, il n’y a qu’un jardinier au monde. »
L’action se déroule en 1961, dans un petit village de montagne. 300 habitants, une usine de confitures, un bar, un hôtel, une fleuriste et un meurtre. Sauvage. Le maire demande à la procureure d’envoyer le brillant officier de police de la ville voisine de M. mener l’enquête : le corps a été trouvé, coupé en huit morceaux emballés dans de grands sacs des Galeries Lafayette et balancés dans une des cuves de l’usine de confiture.
L’officier va investiguer avec l’aide du garde-champêtre en chef et du médecin-vétérinaire-légiste du village. Il essaie de savoir pourquoi et comment Joël a été tué, et surtout par qui. Très consciencieux, il enregistre absolument toutes ses conversations et les retranscrit par écrit à la procureure puisque les lignes téléphoniques ont toutes été coupées la veille du meurtre. Il arpente les lieux emblématiques du petit village, interroge les administrés et fait des liens jusqu’à arriver à déterrer de lourds secrets, inattendus dans une bourgade aussi petite que P. Rien n’est laissé au hasard, rien n’est tu, jusqu’aux menus du restaurant et les conversations informelles. Et c’est grâce à la minutie du travail de l’officier que, petit à petit, il commence à y voir clair et à démêler le nœud de mystère qui entoure la vie et la mort de Joël, 16 ans, tué de façon si barbare !
« L’individu et l’humanité semblent se dissoudre dans ce magma qu’est la masse stupide des hommes. »
Cette lecture, fraîche et légère, fait le plus grand bien après les pavés et autres drames lus ces dernières semaines. C’est un roman qui n’est pas prétentieux, qui ne prend pas la tête mais qui tient en haleine. Par sa construction d’abord, en roman épistolaire entre l’officier de police et la procureure de la République. Dans les retranscriptions de l'inspecteur, ses analyses, ses sentiments et la conscience accrue qu’il acquiert du décalage existant entre la ville et la campagne. En 1961, le fossé entre les citadins et les ruraux était encore plus profond qu’aujourd’hui, ce qui donne lieu à des incompréhensions et malentendus somme toute assez comiques.
Puértolas maîtrise les genres : l’enquête d’abord, et l’humour. Même si l’assassinat de Joël revêt une violence extrême, il n’y a rien de morbide dans ce roman policier. On avance comme dans une enquête d’Agatha Christie ou de Sherlock Holmes : doucement mais sûrement. On s’amuse des décalages et des idées reçues qui peuvent mener droit dans le mur et qui font tomber de haut même le plus zélé des inspecteurs.
Tout le monde ment ? Pas forcément. Mais tout le monde ne dit pas forcément tout et ne parle pas forcément de la même manière pour s’exprimer, ce qui génère des situations des plus extravagantes !
Un excellent moment de détente donc, que je suis ravie de m’être offert avant de replonger dans le dur… Parfait pour se changer les idées et se redonner du baume au coeur !
« Ce qui n'est pas lié par le sang devrait l'être que par un fort amour. Les parents adoptifs devraient aimer cent fois plus. »
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