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Le jour d'avant

Sorj Chalandon

Les auteurs sont parfois - souvent - les meilleurs conseillers en ce qui concerne LE livre à lire dans leur bibliographie. Et c’est donc sur les conseils de Sorj Chalandon que je me suis plongée dans cette “colère noire”.


« Le 27 décembre 1974 à 6h19. C’est là que 42 personnes ont été tuées par la mine, le rendement et le souci d’économies. (...) C’est comme ça la vie. »

Le 27 décembre 1974, dans un accident lié au grisou, 42 hommes ont trouvé la mort au fond de la fosse 3bis de la mine Saint-Amé. Joseph meurt trois semaines plus tard, sur un lit d'hôpital, des suites de ses blessures. Ses parents, sa femme, sont dévastés. Mais aucun autant que Michel, son jeune frère de 10 ans son cadet. Il porte le deuil en bandoulière, comme un brassard, un étendard. Il se jure de venger la mort de son aîné, son héros, avec qui il partageait tant.

A la mort du père, la mère quitte la ferme et Michel entre en apprentissage chez un garagiste. Il n’y restera que quelques mois, le temps d’être émancipé et de pouvoir ainsi quitter son pays, les terrils et les mines. Il rejoint Paris, où il fait sa vie avec Cécile, son grand amour, toujours hanté par la catastrophe de 1974.

C’est en 2014, lorsque l’amour de sa vie meurt également que le narrateur retrouve son besoin de justice, de vengeance. Il doit retrouver celui qu’il considère comme le responsable de la mort de son frère, celui qui n’a pas favorisé la sécurité de la fosse, celui qui a priorisé le rendement, celui qui a fait prendre les risques à ces hommes dont il était responsable, entraînant leur mort à tous, même à Joseph, qui n’est pas décédé sur le coup.

Michel plaque tout. Michel remonte dans le Nord. Michel enquête et retrouve l’homme qu’il cherchait. Michel va accomplir ce qu’il doit, après 40 ans. Michel n’arrivera pas à trouver ce qu’il est venu chercher : la paix, le soulagement, le pardon.

« Aller au bout de l’irrationnel oblige parfois à se confronter à la raison. »


Sorj Chalandon m’a donc conseillé ce roman. Il m’y a invitée, dans ces mines, dans ces drames, dans ces chagrins et dans ces interrogations. Partant d’un fait divers terrible du milieu des années 1970, il a construit ce personnage et cette histoire comme un fait réel, comme un journaliste qui mène l’enquête. On trouve d’ailleurs la justesse et le mordant de cette écriture. Directe, franche, efficace, touchante.

Aucun mauvais pas, aucun mot de trop. Aucun ennui. Mais des mots, des maux, des questions, des personnages, de la justesse et de la justice. Un retournement qui nous prend par surprise et beaucoup, beaucoup d’empathie pour Michel, mais pas seulement.

La connaissance judiciaire de l’ancien journaliste de Libération donne aussi à la seconde moitié de ce roman une crédibilité et un poids qui donne du poids à la situation, au procès, aux plaidoiries, aux échanges.

Le jour d’avant est une nouvelle claque. Moins personnel que Profession du Père ou Enfant de Salaud, il est puissant comme Le quatrième mur. C’est un livre à lire pour la culture générale, pour le souvenir, pour l’évasion, pour faire connaissance avec l’auteur ou continuer une belle histoire.


« Une vie : une médaille. Une rondelle de ferraille pour un cœur brisé. C’était indigne, dégueulasse. »


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