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Patients

Grand Corps Malade

« C’est peut-être un texte trop candide mais il est plein de sincérité, je l’ai écrit avec une copine, elle s’appelle Sérénité.»

Je fais une micro-pause dans le challenge en cours pour me consacrer, le temps d’une lecture, sur le thème du corps en général et du handicap en particulier. Il y en avait plein qui me tentaient, mais un peu de poésie est toujours la bienvenue ! 


« La patience est un art qui s’apprend patiemment.»

Fabien a fait un plongeon de compétition dans une piscine pas assez remplie. Du coup, ses vertèbres ont pris un choc  suffisamment puissant pour le laisser sur le carreau, à savoir tétraplégique incomplet. Après une longue période en réanimation, il intègre un centre de réadaptation où il va non seulement réapprendre à bouger, millimètre par millimètre, mais également se confronter au handicap avec un grand H. 

Ne pas pouvoir faire le moindre geste seul, à 20 ans, voilà qui remet les choses en perspectives, surtout quand on a été grand sportif ! Fabien passe par tous les stades de la dépendance, physique surtout. Il apprend à appréhender les personnels soignants en fonction de leur tempérament et de leur mine. Il apprend aussi à ne pas se laisser impressionner par les déficiences visibles ou invisibles, physiques ou neuronales de ses interlocuteurs. 

Dans ce milieu hospitalier, qui ressemble un peu trop à l’univers carcéral, il vit au jour le jour, profite de chaque petite victoire, apprend à relativiser, à accepter et à aimer. A se réjouir pour son prochain et à consoler.  

Il y a des coups de gueule et des coups de barre, des coups au moral et des coups durs. Mais principalement des victoires, des discussions, des échanges, des sourires et des rires, des aventures qui ont la beauté qu’on leur donne quand on ne peut rien faire d’autre que de niquer les heures entre deux soins.  


« Ces quelques mois permettent d’accepter progressivement son nouvel état, de faire le deuil de la vie d’avant. Ces quelques mois d’incertitude sauvent des vies..»

Après Les autres ne sont pas des gens comme nous de J.M. Erre et Réparer les Vivants de Maylis de Kerangal, je reste donc dans le milieu hospitalier, le milieu du handicap, l’approche du corps et l’appréhension de l’infirmité, voire pire. 

Comme dans le roman de Erre, j’ai ri. J’ai été émue et admirative par la combativité du jeune Fabien, par sa résilience face à l’épreuve qu’il traversait. 

Bien sûr, ce texte a été écrit bien plus tard, alors que le grand adolescent est devenu un homme connu et reconnu pour ses talents poétiques et musicaux, mais il n’en reste pas moins que se relever de ce genre d’épreuve est un exploit qui mérite l’admiration. En faire un texte aussi léger est aussi une performance ! 

Parce que dans la lignée de Mathias Malzieu, Grand Corps Malade ne cherche pas à faire pleurer dans les chaumières, non, non. Ce qu’il veut, c’est informer, apprendre aux autres ce que c’est, la réalité d’un tétraplégique incomplet en rééducation. Il veut souligner le fait - par la pluralité des personnages rencontrés - que personne n’est à l’abri d’un tel accident, pas si banal que ça, nous explique-t-il d’ailleurs. 

C’est un parcours, le sien. Celui qui répond aux questions que l’on peut se poser en voyant ce grand homme aux yeux clairs avec sa béquille et sa démarche maladroite, sa voix grave et sa poésie si touchante. Moi qui ne suis pas une aficionado du Slam, je ne peux m’empêcher d’admirer ce courage et cette humanité qui se dégage de ces quelques pages, tout en humour, tout en amour. 


« C’est jamais inintéressant de prendre une bonne claque sur ses propres idées reçues.»

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