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Sauvage

Julia Kerninon

« Le danger du danger, c’est qu’on ne peut pas savoir d’où il viendra. »

Le père d’Ottavia est chef en restauration. Un homme obsédé par sa cuisine, par son travail, toujours à la recherche de ce qui fera sa différence, sans se rendre compte de la vie qu’il fait mener à sa femme et ses deux enfants.

Lorsqu’elle a 16 ans, Ottavia décide de suivre les traces de son père. Elle va tout sacrifier à la cuisine et c’est en travaillant avec et pour son père qu’elle va rencontrer l’amour en la personne de Cassio. Mais ces deux là sont jeunes et impétueux, agressifs, violents parfois. La jeune fille est malheureuse mais n’a pas les mots pour l’exprimer. Elle part donc à Paris, sur l’invitation d’un autre homme qui ne lui accordera qu’une nuit.

Les années ont passé. Ottavia est revenue à Rome. Elle y a ouvert son propre restaurant, sans le nom de son illustre père mais avec celui de l’homme qui est devenu son mari et le père de ses trois enfants, Bensch. Elle croise parfois Cassio et sait à côté de quoi ils sont passés. Et elle revoit Clem. Ces retrouvailles vont bouleversé la mère de famille qu’elle est devenue, interroger la cheffe, mettre en péril l’épouse et la mère.

Ottavia a presque 40 ans mais ne sait plus qui elle est, entre ces trois hommes de sa vie. Elle se cherche dans ses recettes, avec ses amis, en fumant ses cigarettes et en errant dans les rues de sa ville natale.


« Je voulais qu'ils comprennent que bien avant d'être leur petite amie j'avais été et je resterais la fille de cet homme-là, et que vivre avec moi voudrait toujours dire vivre avec lui, vivant ou mort. »

Comme dans Liv Maria, lu en mai 2021, j'ai été dérangée par ce portrait de femme. Certes, Ottavia est libre, mais quel est le prix de cette liberté, et surtout qui le paie ? Ce n'est pas vraiment elle : elle a fait des choix qui ont toujours. tourné autour de sa cuisine, de ses fourneaux, de sa carrière. Elle a aimé des hommes puis s'en est libérée. Elle a rencontré le bon, le brave, celui qui a tout accepté par amour pour elle et qu'elle continue de persécuter, d'une certaine façon.

Il y a depuis quelques temps un courant féministe qui a tendance a donné beaucoup de pouvoir aux femmes et, même si je pense qu'il est grand temps que nous ayons la légitimité que nous méritons, je ne pense pas que cela doive se faire au détriment des hommes. Ottavia est sauvage mais sous ses airs perdus, elle mène la barque, elle mène les hommes, elle mène le jeu. Elle est celle qui a le pouvoir. Juste retour des choses diraient certaines, mais je ne suis pas d'accord. Le seul homme qui ait vraiment de l'éclat aux yeux de la jeune femme, c'est son père. Et encore. Elle le dépeint comme un homme égoïste, carriériste, obsessionnel. Mais elle est la fille de son père autant que celle de sa mère qui lui a forgé une culture et une combativité face aux épreuves de la vie. Ottavia voudrait être une, mais elle est plusieurs, et il n'y a qu'elle qui ne s'en rende pas compte.

Je ne sais pas si cela fait de moi quelqu'un d'insensible ou de buté, mais je n'ai pas aimé ce portrait de femme. Non parce qu'elle est forte mais plutôt parce que j'aspire à l'équité, alors que ce que j'ai lu, c'est de la domination, de l'égoïsme, du nombrilisme. J'ai lu des hommes démunis, malheureux, face à une femme qui, pour faire ses preuves, les a soumis, sans même s'en rendre compte.


« Parfois ils disent que le premier amour est le seul. Parfois ils disent qu'il est le dernier. Parfois ils disent qu'il contient tous les autres. Mais personne n'explique comment le reconnaître. »

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