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Femme portant un fusil

Sophie Pointurier

« Il n’y a rien de pire au monde que passer pour une femme qui déteste les hommes. »

Tout commence par un ras le bol de la routine et de la vie citadine. Une envie de campagne et de tranquillité. Il y a ce hameau à vendre, et Claude aurait bien envie de s’y installer. Manque l’argent, mais aussi le déclic, le courage. Adopter le mode de vie des Béguines, OK, mais toute seule… pas évident…

Du coup, il y a ensuite des rencontres fortuites. Elie d’abord, autour d’un drame parisien ; puis Harriet et enfin Anna. À elles quatre, elles vont investir le projet, s’installer dans ce lieu rien qu’à elles, le rénover pour enfin accueillir les autres. Beatriz, au passé louche, Zineb et Katou… et puis celles qui restent quelques jours pour se ressourcer et repartent à leurs vraies vies.

Dans ce qu’elles imaginaient être un havre de paix, elles sont pourtant rapidement confrontées à la violence des hommes, à commencer par celle de Michel, leur voisin le plus proche, qui a du mal à supporter cette sororité qui le gêne dans son travail et lui rappelle que les femmes n’ont pas besoin de mâles pour s’en sortir. Confronté à son inutilité métaphorique, il va devenir envahissant, gênant, menaçant…

Les filles ne se sont pas données pour mission de venir en aide à celles qui le demandaient mais de les accueillir. La vie étant ce qu’elle est, elles vont se trouver dans l’obligation d’agir, plusieurs fois, jusqu’à…


« Avec la misogynie décomplexée qui se répand depuis la nuit des temps, c'est un miracle que la deuxième moitié du monde ne se soit toujours pas réveillée en rage, consciente de sa blessure collective. »

Difficile de se positionner sur ce roman à la fois inédit et avec un petit goût de déjà-lu. La sororité, les femmes fortes qui s’aident et s’extraient du monde, ça me renvoie à Une joie féroce de Sorj Chalandon, le cancer en moins.

La violence faite aux femmes, c’est un sujet récurent, qui ne surprend malheureusement plus. Il n’y a qu’à penser à la récente lecture du magnifique roman de Baptiste Beaulieu, Où vont les larmes quand elles sèchent. Les femmes sont fortes, elles n’ont pas besoin des hommes ; elles l’ont prouvé, le prouvent et le prouveront. On en a des preuves de plus en plus nombreuses, avec la parole qui se libère et les langues qui se délient.

Quand Claude envisage son béguinage, elle n’a d’abord aucun besoin de s’extraire du patriarcat. Elle cherche la tranquillité, l’auto-suffisance. Mais les faits sont là, et la maltraitance la rattrape via ses nouvelles amies. Chacune a une histoire, un traumatisme, un besoin de se prouver à elles-mêmes et au monde entier que les femmes s’en sortent beaucoup mieux entre elles. Qu’elles sont capables de se défendre, de se battre, de dominer.

Je suis mitigée quant à cette écriture qui alterne entre deux temps distincts : celui de l’installation et celui d’après, le temps de rendre compte, le temps de s’expliquer.

Même sans être partagée, je ne peux qu’être troublée par la misogynie de nos sociétés, la violence qu’on oppose à ceux qui refusent de plier, de suivre le troupeau.

Ces femmes sont courageuses, quoi qu’elles aient fait, quoiqu’on en dise. Et qu’on leur foute la paix, ça évitera qu’elles prennent les armes…


« C'est fou comme on est habitués à voir des cohortes de mecs armés à travers le monde, mais dès qu'une poignée de nanas ont des fusils entre les mains, ça fait trembler la France. »

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